La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

dimanche 3 juin 2012

La vie sage qui donne le bonheur

Le pauvre n’est pas celui qui a peu mais celui qui veut toujours plus.
La société dite « de consommation » nous a apporté beaucoup de confort. Mais elle a un gros défaut : elle crée des besoins sans limite. Au point que nous sommes poussés à posséder des tas de choses dont nous n’avons pas vraiment besoin. Il n’est pas question de ne pas se faire plaisir, mais avouez que, parfois, c’est simplement pour marquer un niveau social ou pour ne pas se sentir moins performant que son voisin. Tant que ça nous occupe joyeusement la vie, il n’y a rien à dire. Mais si c’est au prix de stress, quel dommage !

L’art en la matière consiste à savoir profiter largement de ce que l’on peut avoir, mais être capable de ne pas souffrir du manque de ce qui dépasse le nécessaire. Et pour cela, il faut s’affranchir d’un excès de contagion normative, c’est à-dire du besoin incoercible d’avoir autant sinon mieux que les autres.
Pour vous y entraîner, cultivez des différences. Devenez insensible au caractère moqueur des remarques qu’on ne manquera pas de vous infliger en société.
Augmentez votre pouvoir de non-achat : plutôt que d’être fier de ce que vous avez, soyez fier de ce que vous êtes capable de ne pas avoir. Moins on a besoin de richesses, mieux on en jouit.
Le conseil précédent ne nous empêche nullement de nous réjouir, en bon optimiste, de la partie pleine du verre. Sénèque nous dit que « pour être au niveau de Dieu, l’argent ne peut rien. Dieu ne possède rien » et « je veux apprendre à tout perdre avec le sourire ». De toute façon, ajoute-t-il, « nous avons et nous aurons toujours l’impression qu’il nous manque quelque chose ».
Une seule solution, se débarrasser du besoin compulsif de posséder ce dont on n’a pas besoin, pour satisfaire, selon l’expression d’Épicure, ses besoins naturels et nécessaires. Ce sont les besoins qu’il est indispensable de satisfaire pour survivre, tels que boire et manger suffisamment, ou ne pas avoir trop froid.
Quand la peur de manquer ou de perdre nous tracasse, prenons la peine de regarder le vrai niveau de nécessité. Cela n’interdit pas de profiter du reste, mais gardons-nous d’avoir à en souffrir. Encore moins d’en dépendre. Bref, soyons prêts à nous passer de ce qui est superflu et même à tout perdre.
Regardez ce que vous avez comme si c’était éphémère. Vendez ou offrez tout ce qui est chez vous et que vous n’avez pas utilisé depuis plusieurs années. Vous vous sentirez plus léger.

Même sur les routes infestées de brigands, le pauvre marche en paix.
L’agressivité de nos concitoyens peut être une source de stress. Avant de chercher comment s’en prémunir, commençons, sur l’invitation de Sénèque, par ne pas la provoquer. Il nous conseille, « pour ne pas être la proie des méchants », de ne rien posséder « qui puisse exciter la cupidité et l’iniquité d’autrui, rien qui tape à l’oeil ». Il ajoute : « Tout ce qui brille, même inconnu, déclenche la convoitise » et nous rassure en nous disant que « devant les portes ouvertes, le cambrioleur passe son chemin ».
Si l’homme est un loup pour l’homme, selon la célèbre expression de Hobbes, ne nous aventurons pas dans les bois. Ne créons pas l’envie chez les autres en affichant nos richesses, nos talents ou notre culture. Ne cherchons pas à être admirés en brillant, on se prépare la peur de décevoir.
Donner une belle image de soi est tentant, mais il faut ensuite se montrer à la hauteur face à des gens qui ne nous louperont pas à la première occasion.
Des résultats tangibles et démontrés ainsi qu’une bonne dose de modestie vous procureront une vie avec moins de stress.
Ne vous contentez pas de paraître, obtenez des résultats qui parleront d’eux-mêmes. Soyez plus efficace que démonstratif, en persistant dans ce que vous entreprenez jusqu’aux objectifs que vous vous êtes donnés, ils vous serviront à étayer, pour vous comme pour votre entourage, une suffisante estime de vous-même. Les faits sont plus stables que les idées.
Apprenez à vous passer de l’admiration des autres en vous estimant suffisamment vous-même. N’abandonnez pas ce que vous entreprenez avant d’avoir un résultat qui vous satisfait.
Extrait deSénèque antistress en 99 pilules philosophiquesde Joël Berger

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