La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

lundi 23 avril 2012

Pour QUI voter ?

La tentation est quelquefois grande de vouloir prendre la démocratie à son propre piège, de constituer un pôle catholique et de lutter contre la Révolution avec ses propres armes (campagnes, lobbyi...ng, slogans, élections, pétitions…)
L’histoire nous montre pourtant que jamais aucune tentative n’a abouti, même avec des conditions favorables.
Souvenons-nous de cette funest
e affaire du Ralliement de l’Église à la République en 1892. La France d’alors est catholique dans son immense majorité et pourtant, le pays est dirigé par la IIIe République violemment antichrétienne. L’élite catholique est monarchiste. Aussi le pape Léon XIII fait-il le calcul suivant : l’Église n’est tributaire d’aucun type de gouvernement (monarchie, aristocratie, république). Donc, si on oblige moralement les catholiques à voter, il est mathématique que leurs élus seront majoritaires et la République deviendra chrétienne.De fait, après le ralliement, tous les catéchismes font du vote un devoir du chrétien.
On connaît la suite : en 1893 le nombre des députés catholiques passe en effet à deux cents, mais six mois plus tard, il retombe à 97. Aucun ministère n’est concédé aux ralliés et les lois antireligieuses reprennent de plus belle.
Plus d’un siècle après, le bilan est accablant : la France est toujours révolutionnaire ;
le parti catholique s’est évanoui dans la nature et on trouve des députés qui se prétendent “chrétiens” dans tous les partis de l’échiquier politique. Ils en ont épousé les idéologies respectives ; les catholiques en France sont devenus minoritaires.
Quelles sont les raisons de ce désastre ?
Pourquoi le parti catholique soutenu par le pape, avec un rapport de forces écrasant, a-t-il échoué ?
À la lumière de l’étude précédente, nous donnerons deux réponses liées :
Créer un parti chrétien qui utilise les règles du jeu du système démocratique, rend à ce dernier l’éminent service d’apporter la contradiction, de susciter une nouvelle ddp. Cela engendre de nouvelles possibilités de mouvement d’idées. Le suffrage universel pratiqué par les chrétiens remplit alors parfaitement son rôle de conducteur du courant de conversion des esprits à la Révolution.
À la manière de Léon XIII, il serait dangereux de ne considérer dans la démocratie qu’un mode de gouvernement. Nous avons vu qu’elle était essentiellement une religion, celle de l’homme-dieu. Comprenons bien que le révolutionnaire se moque éperdument pour qui l’on vote, pourvu que l’on vote. L’important est de pratiquer (praxis) cet acte d’orgueil. Il sait qu’ainsi s’opérera dans les âmes une transformation intérieure à la manière de celle produite par un rite.
Par le suffrage universel, le membre du parti catholique est conduit à adopter l’attitude mentale du révolutionnaire qui n’a d’autre maître que lui-même. Il pratique l’acte révolutionnaire tout en prétendant lutter contre la Révolution. Alors, à son insu, il agit comme un homme-dieu, et si cette schizophrénie ne lui fait pas perdre la foi, les risques sont bien plus grands pour ses enfants. N’oublions jamais que l’on finit toujours par penser comme on agit, c’est d’ailleurs en cela que réside l’extraordinaire importance du rituel religieux.
Les deux exemples suivants ne sont-ils pas significatifs ?
Se félicitant du taux de participation record au référendum sur le traité de Maastricht, alors que le « oui » n’avait remporté qu’un tout petit 51 %, le quotidien Ouest-France annonçait en première page : UNE GRANDE VICTOIRE POUR LA DÉMOCRATIE.
Dans le Courrier de l’Ouest du 8 janvier 1988, le grand-maître du Grand-Orient, Jean-Robert Ragache, titrait ainsi son article :  UN SEUL MOT D’ORDRE POUR L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : VOTER !
Traduisons : peu importe que vous votiez à droite ou à gauche, ou même à l’extrême-droite … nous voulons seulement que vous votiez !
Après tout, nous sommes en démocratie !!

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