La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

lundi 26 mars 2012

La faillite du monde

Voici un article d'Yves Ponroy paru dans "Chronique Libre" qui, terrible dans sa précision et sa vérité,  nous met en garde contre le machiavélique monde actuel et ses effets nauséabonds (ce qui signifie que nous ne sommes guère au bout de nos soucis !). Le monde est le domaine du Mal et du Mensonge et nous sommes fétus de paille devant sa puissance....
Il y a pire que la faillite économique qui nous menace, il y a la faillite morale.

L’occident croule sous le poids des dettes colossales, mais pourrait sombrer avec la perte de ses valeurs morales sur lesquelles cette civilisation s’était construite.
Depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis portaient haut le flambeau et les valeurs de l’occident, soutenues par la démocratie, les prouesses technologiques, la réussite économique et les droits de l’homme. Première puissance mondiale, l’Amérique était un modèle auquel aspiraient presque tous les peuples de la terre.
Depuis le début de ce siècle, le pays semble pris dans une spirale infernale qui, d’années en années, lui fait commettre les pires bévues. La guerre en Irak, justifiée par un mensonge d’Etat, fut la première erreur, suivie par quantités d’exactions commises par l’armée auprès de la population civile. L’armée américaine a perdu son honneur en Irak d’où elle est partie, humiliée et haïe.
Une erreur en entrainant une autre, le gouvernement américain ne trouva rien de mieux que de porter le fer en Afghanistan où son action eut pour effet de stimuler le mépris et la haine de l’occident. Cette occupation militaire fut, comme toutes les occupations militaires étrangères, le ferment du terrorisme islamique qui sait mettre à profit un sentiment national, le peuple s’étant senti méprisé…
Après avoir dépensé, en pure perte, des centaines de milliards de dollars, l’Amérique est ruinée et ne sait plus très bien ce qu’elle fait là-bas. Une armée démotivée se retrouve isolée, au milieu d’une population hostile, et se laisse aller à des dérapages honteux. Des GI qui urinent sur des cadavres, des militaires qui brûlent des Corans sont des souillures irréparables et salissent plus encore ceux qui les ont commises. Un soldat américain qui tue de sang froid 16 civils, dont des enfants, illustre le niveau de désarroi et d’impuissance de l’armée. Une armée vaincue, qui doute d’elle même, et qui chaque jour reçoit les insultes d’une population hostile. Chaque jour qui passe est un nouveau jour de honte pour les troupes de l’OTAN. Les pays qui maintiennent encore des troupes en Afghanistan se déshonorent.
Si les Etats-Unis poursuivent leur projet d’attaquer l’Iran avec la collaboration d’Israël, la faillite morale sera complétée d’une faillite de l’Empire Américain qui poursuivra alors un long et douloureux déclin économique et moral.
Jetons maintenant un œil du côté de la planète financière dont la faillite morale est consommée. Nous savions déjà que la Banque de Wall-Street, Goldman-Sachs, avait bidouillé et maquillé les comptes de la Grèce pour lui permettre d’entrer dans la zone Euro. Mais, comme le cynisme est à la mode, la-dite banque a ensuite spéculé sur la faillite de la Grèce dont elle connaissait les défauts de la cuirasse !…
Vous avez peut-être entendu parlé de Greg Smith qui vient de claquer la porte de Goldman Sachs où il travaillait comme cadre supérieur depuis 12 ans : « Je peux dire honnêtement que l’environnement y est désormais plus toxique et destructeur que jamais… Je crois sincèrement que le déclin de la fibre morale de cette entreprise représente la menace la plus importante pour sa survie à long terme… Il fut un temps où être un bon leader signifiait avoir des idées, montrer l’exemple et faire ce qui est juste… Cela me rend tout simplement malade de voir à quel point les gens peuvent parler sans gêne de voler leurs clients… ».
Comment expliquer qu’au cours de l’année 2009 les traders de Goldman Sachs n’ont pas eu un seul jour de perte ? Jour après jour les traders ont amassé de l’argent et eurent des résultats parfaits, sans la moindre erreur, sans la plus petite fausse note, 212 fois de suite ! Qui ont-ils volé pendant 212 jours et comment ont-ils manipulé les cours ? Imaginez que vous soyez à Las Vegas et que, jeu après jeu, vous ramassiez toutes les mises. Comment est-ce possible? Il n’y a que deux solutions, ou bien il s’agit de l’œuvre de Dieu, d’un miracle surnaturel, ou bien d’un truquage, d’une malhonnêteté. Grâce à l’acharnement de Berni Sanders, un sénateur démocrate du Vermont, nous savons maintenant que pendant la même période la Banque Centrale Américaine a renfloué l’économie avec 1300 milliards de dollars, ce qui a permis à Goldman de se servir au passage 212 fois sans mollir… aux frais du contribuable.
Chez Goldman Sachs, tout est truqué et tout le monde le sait, mais la banque est si puissante et dispose de tant de « relais » partout dans le monde, que personne ne bouge. Elle est suffisamment puissante pour faire et défaire les Présidents ou tous ceux qui mettraient le nez dans ses affaires.
Quand on détient l’argent on détient le pouvoir et ceux qui ont voulu mettre de l’ordre à Wall Street ou taxer les transactions financières vont en supporter les conséquences : la presse soit disant « libre » se déchaîne contre eux pour influencer l’opinion! Parlez-en à Obama ou à Sarkozy, ils ont une petite idée là-dessus… mais ils ne peuvent rien dire!…
Le 24 Février 1525, le roi de France François Ier écrit à sa mère, Louise de Savoie, pour l’informer de sa défaite à Pavie, face à l’armée de Charles Quint : « De toute chose ne m’est demeuré que l’honneur et la vie qui m’est sauve ».
L’honneur et la vie, voilà ce qui reste quand on a tout perdu.
Si l’occident doit faire faillite, qu’elle conserve au moins son honneur.

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