La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

samedi 18 février 2012

Egalité OU justice ?

« L'égalité est l'âme de la France » a dit le candidat socialiste François Hollande.
L'égalité serait donc la vraie justice. Personne, au Parti socialiste, n'a donc lu ce qu'ont écrit sur la justice Platon, Aristote, Cicéron, saint Thomas, Locke, Kant, Hegel, Nietzsche, ou même Alain ? La philosophie du PS s'identifie donc au jacobinisme ?
Dans une tribune du Figaro du 31 janvier, Philippe Nemo, philosophe et professeur à l'ESCP Europe, distingue les concepts d'égalité et de justice :
" L'égalité ne règne que dans les peuplades primitives. Les sociétés riches et civilisées le sont parce que la liberté y produit un foisonnement d'activités avec une division croissante du savoir et du travail qui surmultiplie l'efficacité collective. Or qui dit liberté dit nécessairement différences et distinctions.
La seule question est de savoir si cette diversité est bonne ou mauvaise pour le dynamisme de la collectivité et la prospérité de tous, y compris des plus démunis.
La réponse a été donnée par l'histoire des deux derniers siècles : il vaut mieux vivre dans les pays «capitalistes» qu'à Cuba.
Des raisons qui interdisent d'assimiler égalité et justice, je n'évoquerai ici que les trois principales.
Chacun sa part
*** La première est qu'une redistribution égalitaire des biens ne serait juste que si l'on pouvait prouver que les biens des riches sont le fruit du vol de ceux des pauvres. Or c'est faux. En effet, la croissance crée des richesses nouvelles qui n'ont pas été prises aux uns pour être données aux autres, mais sont jaillies d'une organisation plus efficace du travail, fruit de l'innovation entrepreneuriale. De ces richesses nouvelles, les entrepreneurs profitent mais également les consommateurs qui trouvent sur le marché des produits meilleurs et/ou moins chers. Personne n'est donc volé. Et c'est le fait de confisquer arbitrairement des revenus et patrimoines honnêtement gagnés sur le marché qui est un vol. C'est, en outre, une absurdité économique. Car l'innovation suppose du capital et le capital résulte de profits réalisés, en général sur plusieurs générations. Donc confisquer par l'impôt les revenus et les patrimoines est un coup qui ne peut être tiré qu'une fois. À la génération suivante, il y aura moins à voler, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien du tout (ce qui s'est précisément passé à Cuba et dans les pays similaires).
Mis de côté
*** Le deuxième argument est que l'intervention de la puissance publique qu'impliquent les politiques de redistribution crée les conditions structurelles des pires injustices. En effet, plus les prélèvements obligatoires augmentent, plus grande est la proportion de la richesse collective qui n'est pas gérée par des individus responsables, mais par une nébuleuse opaque de décideurs sans visage, dont seuls quelques-uns peuvent être sanctionnés par un vote démocratique, la plupart jouissant de la plus totale impunité. À l'abri de ce flou, les plus grandes injustices se commettent, pour la bonne raison que les décideurs publics ne dépensent pas leur argent, mais celui des autres. Ils peuvent donc prendre des décisions à la fois irrationnelles, économiquement absurdes, et intéressées, visant leur propre enrichissement et celui de leur clientèle. Les socialistes en savent quelque chose, si l'on en juge par la litanie presque infinie des turpitudes des hauts fonctionnaires de gauche qui ont sévi dans l'économie mixte et dans l'oligarchie depuis 1981. Prébendes, rentes, profits indus de certains, au détriment des contribuables, sont le fruit empoisonné de la croissance record, en France, des prélèvements obligatoires.

*** Enfin, la redistribution au nom de l'égalité consiste à enlever aux uns ce qu'ils ont gagné sans qu'ils aient rien fait de mal, à donner à d'autres des ressources sans qu'ils aient rien fait de bien. Spoliation d'un côté, assistanat de l'autre. Or l'impôt n'est juste que s'il est le paiement par le contribuable d'un service que lui rend réellement l'État. Un impôt pris à certains uniquement parce qu'ils ont plus de biens que d'autres, et sans rien leur donner en contrepartie, est un échange inégal, et en ce sens une flagrante injustice. Nous prétendons respecter les droits de l'homme. Or ceux-ci impliquent que je possède non seulement mon corps, mais tout ce que je fais avec mon corps, donc les biens que j'ai gagnés honnêtement. L'atteinte à l'intégrité de chacun que constitue la confiscation arbitraire de ces biens est comparable à celle qui consisterait à l'amputer d'un bras ou d'une jambe.
En ce sens, une société socialiste est une société d'hommes mutilés, rendus incapables de parvenir au plein développement de leurs vertus et de leur personnalité, transformés en clones. Le jacobinisme fiscal est un antihumanisme. Sans compter qu'à mesure que le troupeau s'appauvrira, faute de dynamisme et d'innovation, la barre de «richesse» actuellement fixée par M. Hollande à 4000 € par mois ne cessera de baisser. Les Français doivent savoir que c'est virtuellement à eux tous que la nomenklatura finira par voler le fruit de leur travail.
L'égalité serait l'«âme» de la France?
Il est difficile d'avoir de la France une idée plus étriquée et faisant plus injure à sa si riche histoire. La France moderne est devenue ce qu'elle est grâce à l'égalité des droits, qui est le contraire du collectivisme, puisque c'est la condition structurelle indispensable pour que les hommes soient libres et le jeu social fécond."
Michel Janva sur Le Salon Beige via Le Figaro

Aucun commentaire: