La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

lundi 25 juin 2012

Une écume de rage se répand dans le courrier des lecteurs

Dans l’édition du QJ de mardi dernier, le prêtre de la FSSPX à Delémont a publié un article fort concis et percutant dans lequel il a dénoncé, à l’approche de la future Gay pride, « la bestialisation de l’amour ».
En termes simples, il a lié des faits de sociétés incontestables aux orientations prises par nos sociétés, notamment dans le domaine de la sexualité.
Si l’on en juge par l’écume de rage qui s’est répandue hier dans le courrier de lecteurs du QJ, il a fait mouche, touchant la Bête, qui se repaît de mensonges, en plein cœur.
Je reproduis ici le message du prêtre de la FSSPX et les réactions publiées dans le QJ assorties de quelques commentaires personnels.

Courrier du prêtre de la FSSPX
L’être humain est corps et esprit. Si son corps l’apparente à l’animal, son esprit est la partie noble qui l’apparente à Dieu. Notre esprit dirige et maîtrise les facultés inférieures de notre être. Mais s’il vient à perdre le contrôle, l’humain se bestialise. Ainsi, de nos jours, le plaisir égoïste règne en tyran avec son cortège de calamités: divorce, avortement, contraception, homosexualité, pornographie… On revendique le droit de tout faire, n’importe comment, n’importe où, n’importe quand, avec qui on veut ! Les résultats sont là : destruction de la famille, suicide des jeunes, vieillissement de la population. Il est extrêmement urgent de retrouver le véritable amour. Jésus-Christ a dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Réaction d’un pasteur
On ne peut tout de même pas laisser écrire n’importe quoi au nom de l’évangile de Jésus Christ, comme l’a fait mardi ce prêtre de la Fraternité Saint Pie X. Mais où diable va-t-il chercher sa presque théologie ? Dieu n’a-t-il créé que l’esprit de l’homme et pas son corps, ce dernier appartiendrait au diable, semble-t-il ? Et dans quel monde vit-il ? Rencontre-t-il les gens d’aujourd’hui ? Je travaille essentiellement avec des jeunes et je peux l’assurer pour le plus grand nombre d’entre eux ils savent et se respecter et s’aimer. Curieusement d’ailleurs les cas les plus fréquents que j’ai rencontrés de comportements graves dans le domaine de la sexualité, c’est dans les milieux les plus intégristes, qu’ils soient catholiques ou protestants, que je les ai dénichés parmi ceux qui réclament sans cesse plus de morale pour les autres pour mieux camoufler leurs graves difficultés dans ce domaine.
Commentaire à ce premier courrier de lecteur :
Cette presque théologie est celle du plus grand docteur de l’Eglise catholique, monsieur le pasteur. Celle de l’immense Saint Thomas d’Aquin, dont la doctrine a été pour ainsi dire « canonisée » au XIXe sicèle et celle de l’immense Cajetan, excusez du peu ! Explicitant la doctrine de saint Thomas, Cajetan écrit dans son commentaire de la Somme théologique :
« L’âme préside au corps selon un triple ordre de causalité ; selon la causalité efficiente, car elle est la cause des mouvements corporels de l’animal, selon la causalité formelle, car elle est la forme du corps ; selon causalité finale, car le corps est pour l’âme ».
Le reste n’est que du réchauffé, du prêt-à-penser médiatique.
Il faudrait croire sur parole notre ignorant qui se croit néanmoins autoriser à faire la leçon : les plus grands détraqués ont eu une formation morale traditionnelle. Ben voyons !

Réaction d’un lecteur
Dans son courrier de lecteur paru mardi, ce prêtre de la Fraternité Saint Pie X, met en relation le suicide des jeunes, le vieillissement de la population, les homosexuels. Je pense qu’il doit sérieusement se remettre en question ou revoir sa copie. Son discours est aussi incohérent que ridicule. Pour faire la morale a autrui il serait bon que l’Eglise éradique ses pédophiles au lieu de les protéger. Jésus n’a-t-il pas dit aussi «malheur à celui qui fera du mal à un enfant»? (…)

Réaction d’un autre lecteur
Ainsi l’abbé *** de la Fondation Saint Pie X pense que le divorce, l’avortement, la contraception, la pornographie et l’homosexualité sont les calamités d’aujourd’hui. Elles auraient pour conséquence terrible notamment le vieillissement de la population… Ah! le bon temps où les gens mourraient la plupart à peine la quarantaine atteinte! Ah! la belle époque des faiseuses d’anges qui, seules, venaient en aide aux femmes anéanties par les grossesses à répétition! C’est cette époque qu’il regrette? Plus grave. Il a oublié un acte, le seul qu’il fallait citer, le seul que nul n’oserait faire passer pour un progrès de la civilisation, une ouverture d’esprit ou pour de la tolérance. Il a oublié de citer la pédophilie. Ce prêtre intégriste ne connaît pas ce crime? Il n’a pas entendu parler du drame de ces milliers d’enfants victimes de la «bestialisation de l’amour» ? Etonnante omission. Pourtant tout le monde sait que de nombreux pédophiles se cachent parmi les hommes de Dieu dans le monde ecclésiastique. Indécent de critiquer et de juger les autres alors qu’il y a à balayer devant sa propre porte! Qu’il cesse de condamner le monde qui l’entoure et de voir le mal partout! Qu’il observe plutôt, afin d’agir efficacement, les comportements de ceux autour de lui qui consacrent leur vie à Dieu! Ils ne sont pas si exemplaires qu’il le laisse croire par son silence.


Ces deux derniers articles veulent interdire à l’Eglise de se prononcer sur les questions de mœurs sous prétexte qu’en son sein vivraient des pédophiles. Mais comme l’a excellemment écrit hier sur son blog
l’abbé Stolz « Faut-il rappeler que de tous les milieux professionnels cette abomination touche le moins l’Eglise… ».
Par ailleurs le dernier article croit faire de l’esprit en ricanant d’un des propos du prêtre de la FSSPX qui regrette le vieillissement de la population. « Elles (les mœurs contre-nature et toutes les pratiques barbares qui les soutiennent, comme l’avortement) auraient pour conséquence terrible notamment le vieillissement de la population… Ah ! le bon temps où les gens mourraient la plupart à peine la quarantaine atteinte ! Ah ! la belle époque des faiseuses d’anges qui, seules, venaient en aide aux femmes anéanties par les grossesses à répétition! ».

Pour pouvoir faire de l’esprit encore faut-il être capable de comprendre ce qui est en jeu, faute de quoi on tombe dans le grotesque.
Et de quoi parle-t-on quand on évoque le vieillissement de la population : du danger qui menace le renouvellement des générations. Or il est évident que, partout en occident, nos sociétés sont agonisantes sur le plan démographique. Il est tout aussi évident que ce déclin est à corréler avec la montée en puissance de l’hédonisme jouisseur et de la prétendue libération sexuelle, qui libère en réalité une logique d’asservissement des hommes à leur libido.
Ce qui fait dire à Guy Delaporte « Refuser la procréation avec méthode, n’est-ce pas pour un individu, comme pour une société, refuser de pérenniser l’éthique dont il est porteur ? N’est-ce pas exécuter, en la transférant, la sentence prononcée par le tribunal de la conscience, au terme des attendus du procès de sa vie ? Une société recherche la stérilité lorsqu’elle reconnaît plus ou moins consciemment mériter la peine de mort. »( Saint Thomas pour l’an 2000)

Ces réactions en disent long sur la déformation intellectuelle dont nombre de nos contemporains ont été les victimes. L’inconsistance argumentative de ces courriers de lecteur, l’esprit moutonnier, l’orgueil de l’ignorant qui se prend pour un sage qui s’en dégagent montrent que lorsque le Christ décidera de mettre un terme à cet épisode meurtrier, destructeur de l’intelligence qu’est notre extrême modernité, nombreux sont ceux qui seront surpris.
Julien Gunzinger sur le blog ESCHATON

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