La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

mercredi 1 février 2012

Ou se trouve la dignité ?

On parle beaucoup, dans notre société, de dignité humaine. C'est un mot qui revient souvent dans les propos des partisans de l'euthanasie qui considèrent que perdre peu à peu nos fonctions vitales, notre mémoire, notre raison, est dégradant pour l'être humain.
Personnellement je n'ai jamais pensé un seul instant qu'un malade en phase terminale qui ne contrôle plus son corps, qui perd la tête, qui demeure dans un état léthargique ou balbutie des incohérences n'est pas quelqu'un de digne !
Par essence, un être humain est digne, de sa naissance à sa mort, quelque soit son âge et son état de santé ! Ce qui est indigne c'est le comportement de ces hommes irrespectueux, qui mentent, qui tuent, qui frappent, et se comporte comme des monstres...
Depuis sa conception jusqu'à sa mort, un être humain possède une dignité innée qu'il faut préserver et protéger. Or, il semblerait, pour les pro-euthanasie, que l'homme peut, pendant toute sa vie, adhérer à n'importe quelle dérive, se comporter comme une bête ou agir comme une brute, mais doit absolument, au moment extrême, mourir dignement (?) c'est à dire sans bruit, sans cris, sans remous, bref de la façon la plus aseptisée possible, quitte à être aidé si nécessaire.Est ce le nouveau regard que l'on doit porter notre société moderne ? Quel respect garde-t-on réellement et totalement pour la vie humaine et pour l'homme ?
Je sais... depuis la loi Veil on s'autorise à dire qu'un foetus n'est rien qu'une excroissance qu'on peut se faire retirer comme un kyste, sans vouloir admettre qu'il est un petit homme en devenir et à ce titre intouchable. Protéger sa fragilité, l'accueillir, c'est cela garantir la vraie dignité.
De la même façon, s'occuper du moribond, le soulager, l'entourer, et cesser l'acharnement des soins inutiles puis l'accompagner jusqu'à la mort, c'est cela la vraie dignité.
La dignité ne consiste pas à se débarrasser de ceux qui gènent la marche de notre vie, que ce soit avant la naissance ou au moment de la mort.
 Pour apporter de l'eau à mon moulin, je viens de tomber incidemment sur le témoignage d'une jeune femme qui nous parle de sa grand-mère Geneviève. Elle fait très bien me semble-t-il le parallèle entre mourir dans la dignité et terminer sa vie dans la dignité. Comme elle, ne faut-il pas davantage s'interroger sur la façon dont nous accueillons les aînés lorsqu'ils sont souffrants et surtout comment nous nous en occupons avant de leur infliger cette "dignité gratuite" de l'euthanasie ?
Article intitulé : « QUELLE DIGNITÉ ? »  De : Isabelle Dion, Cyberpresse, 5 février 2011. Laval."Le symposium qui porte sur le thème «Mourir dans la dignité», devrait plutot se nommer « Terminer sa vie dans la dignité ».Ma grand-mère de 90 ans, lucide comme à 30, est hospitalisée depuis trois semaines. La maladie chronique pulmonaire qui l'afflige en est au stade 4, aggravée par une infection. Les médecins affirment cependant qu'elle n'est pas en danger d'en mourir, mais son état requiert des soins. Or, voilà que depuis 12 jours, il y a interdiction de visites dans la section où on l'a hébergée. Elle a été changée de chambre trois fois, plus quatre jours aux urgences. On prend ses effets personnels et «Allez, hop! Dans une autre chambre!» Elle ne retrouve plus ses petites affaires, on ne l'écoute pas, surtout on ne repond pas à ses questions cruciales. De plus, ses proches sont empêchés d'aller l'assister, l'encourager, la consoler un peu...
Très consciente qu'elle se retrouve seule et pleine de questions, elle perd courage. Maintenant, elle veut mourir. Elle dit qu'elle est trop vieille pour gèner le personnel et que cette situation est inutile. Il peut se passer quatre ou cinq jours sans que ses soins personnels, incluant brossage des dents et hygiène intime, ne lui soient prodigués. Et puis, elle souffre de plaies résultant de ce manque d'hygiène. Ses proches dépensent leur énergie et leur courage à implorer qu'elle soit changée de section, afin qu'elle puisse au moins «terminer sa vie dans la dignité», en compagnie de ceux qui l'aiment. Ils se heurtent alors à un mur bureaucratique de départements qui se contredisent et s'obstinent réciproquement.
«Mourir» survient en une fraction de seconde. «Terminer sa vie» paraît une éternité lorsqu'on en a conscience. Si cela continue, grand-maman ne mourra pas dans la dignité, entourée de ceux qu'elle aime. Et elle ne terminera pas non plus sa vie dans la dignité."
Ce témoignage est bouleversant. Est-il possible que de telles histoires puissent arriver dans un hôpital à notre époque ? Devoir abandonner tout contrôle sur les soins d'une grand-mère de 90 ans, alors que sa famille est toute prête à lui venir en aide, c'est affolant...
Est-ce que l'on ne pourrait pas introduire un peu plus de soins privés dans notre système de santé, pour au moins avoir le contrôle sur sa propre personne ou ses proches ?
Réfléchissons : avant de dire que les personnes arrivées au stade ultime veulent mourir, offrons leur notre attention, notre écoute, notre amour, afin qu'elles puissent terminer leur vie dignement ! Penser à elles, c'est penser à nous ! !

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