La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

mardi 10 janvier 2012

Recette de la Fricassé Ardéchoise

Frère Maximilien Marie du Sacré Coeur met sur sa page FB une recette ardéchoise que je fais immédiatement mienne et vous comprendrez pourquoi en la lisant.
Rien de mieux que de préparer le déjeuner en choisissant une bonne recette régionale pour se mettre la journée en appétit.... Lisez et vous vous régalerez....

Pour une personne ou plusieurs si vous avez enfin de la visite.
INGREDIENTS:
-Des pommes de terre en quantité suffisante. Les nouvelles n'ont strictement aucun intérêt, les vieilles sont plus tendres et n'aspirent pas au repos.
-Une feuille de laurier même si vous avez raté votre certificat d'études.
-Un mélange poivre et sel de sel et de poivre. De mer sera le sel et de Cayenne le poivre, et tout ceci se trouve dans la même île d'Amérique du Sud ou sur l'étagère à épices.
-Pas d'oignons, pas de basilic, pas de coriandre, et bien moins que de demain.
PREPARATION
-Prenez une poêle crue que vous poserez loin du feu pour qu'elle soit bien froide avant la cuisson.
-Avec votre courage à deux mains choisissez dans le cageot qui est dans le garage au pied de la mobylette, les plus grosses pommes de terre de votre région rurale.
-Bien les dépoussiérer car cette poussière ne vous appartient pas.
-Avec une petit couteau méchant, arrachez les yeux noirs qui sont en fait les racines des antennes violettes qui ont poussé dans la nuit imparfaite du garage (que l'on ouvre trop souvent d'ailleurs!). Des antennes comme si la pomme de terre voulait discrètement écouter tout ce qui se dit dans la maison et particulièrement vos bruits à vous.
-Rincez-les très vite sous l'eau, et séchez avec beaucoup de tendresse.
-Pelez sans émotion, et sans détourner le regard.
-Dans un ordre indifférent et dans le sens de la longueur, si la pomme de terre est ovale, faites de minces lamelles, presque transparentes de tendresse. Vous pouvez vous faire aider par le soleil s'il fait beau chez vous, ou par la météo à la télévision (curseur lumière à fond) s'il fait beau ailleurs, en interposant chaque lamelle entre vos yeux et la source de luminescence. Si une coloration miel apparaît, votre lamelle est de facto adéquate.
-Oubliez tout ça et revenez sans vous pressez vers la poêle qui je pense doit être au même endroit qu'au début de cette recette éditée par un très bel éditeur à compte d'éditeur, que j'embrasse très fort.
-Prenez une lamelle au hasard en évitant le délit de faciès. Cette lamelle vous servira d'outil à oindre le dedans de la poêle, avec une goutte d'huile de Le Sieur Marc indifférente (ceci s'appelle un message sub liminal).
-Quand votre poêle est ointe et toujours froide, (ne pas confondre avec les femmes à poil ointes et chaudes des plages) commencer à bâtir les rondelles, en partant d'un coin qui n'existe pas, puisque la poêle est ronde, en gâteau. C'est le même processus que l'effeuillage de la marguerite mais en sens inverse des aiguilles d'une montre si vous en avez une.
-A chaque étage de cet édifice saupoudrer de sel et de poivre et sournoisement glisser une feuille de laurier.
-On est bien d'accord, pour l'instant tout est froid.
-Cherchez dans votre maison, la source de chaleur la plus tendre et fragile. Ma mère se sert toujours du coin du poêle à mazout qui est, quelle que soit la saison, au ralenti.
-Quand la source de chaleur est localisée, bien noter sur une carte d'état major l'emplacement exact. Sans la surprendre, saisissez la poêle où attendent inquiètes et fébriles les lamelles bien ordonnées et qui commencent par soi-même.
-Couvrez avec un couvercle par exemple. Mettez en cuisson, et allez vous faire voir.
En effet, vous n'entendrez qu'au bout d'environ une heure, crisser des petits bruits de friture, en posant une de vos oreilles sur le couvercle.
-Vous vous êtes brûlé l'une de vos oreilles au second degré.
-Une demi-heure après ce regrettable incident dont je ne suis pas responsable, vous pouvez retourner comme une crêpe la préparation.
-Vous vous êtes brûlé l'avant bras. Je préfère le dire à votre place car vous êtes occupé à brailler.
-Il reste environ une heure de cuisson. Je vous conseille de meubler ce temps, pas si précieux que ça, en faisant l'imbécile à la fenêtre. Ca ouvre l'appétit et fait jaser les voisins. Je dis "Ca" car il n'y a pas de c cédille majuscule sur çette çalope de maçhine !
-Quand vous aurez l'intime conviction que c'est cuit, évitez le suicide et mettez-vous à table avec une belle scarole à l'ail violet. Si c'est une laide Carole à l'air mauvais, mettez-vous au lit.
-Si vos invités sonnent à l'huis, faites le mort, car la fricasse Ardéchoise se mange égoïstement, sans vergogne, par petites bouchées chaudes enrobées du vert vinaigre aillé, tournées en bouche et poussées en catimini par un gorgeon de vin rosé, vers l'épicentre béant de votre solitude intérieure.
Jean-Louis Vincensini sur son blog : http://jeanlouisvincensini-ecrivain.blogspot.com

2 commentaires:

Anonyme a dit…

t'as déjà essayé cette recette Mimiche ? avec le même accent hein...

Anonyme a dit…

non, j'aime mieux les frites d'ch'nord!