Lorsqu'on vous met en face de deux alternatives politiquement intolérables, il est important de ne choisir aucune d'entre elles. Et quand ce choix est présenté avec des arguments rivaux et des débats qui excluent de la discussion publique tout autre ensemble de possibilités, il devient un devoir de se retirer de ces arguments et de ces débats, afin de résister à l'imposition de ce faux choix par ceux qui ont arrogé eux-mêmes le pouvoir de définir ces alternatives.
Cette position peut dans l'abstrait remporter aisément l'adhésion. Mais, quand elle s'applique à la prochaine élection présidentielle, elle risque d'être rejetée d'emblée. Car c'est une idée reçue que voter est la marque d'un bon citoyen, et ne pas voter un signe d'irresponsabilité.
Mais le seul vote ayant de la valeur [...] est un vote qui ne peut être fait que contre un système qui offre deux choix, deux partenaires dans le débat idéologique, chacun ayant besoin de l'autre comme une cible
Pourquoi devrions-nous rejeter les deux à la fois ? Dans une telle situation, voter n'est pas seulement voter pour un candidat en particulier, c'est également voter pour un système qui nous présente que des alternatives inacceptables.
La façon de voter contre le système est de ne pas voter".
Alasdair MacIntyre
Alasdair MacIntyre (né en 1969 à Glasgow, aujourd'hui citoyen américain) a marqué un nouveau départ dans la philosophie morale contemporaine, ouvrant des voies qui ne cessent d'explorer sur tous les continents et dans des contextes culturels et théologiques très divers. Son approche est à la fois aristotélicienne, thomiste et augustinienne. Catholique depuis 1983 au terme d'un itinéraire intellectuel très riche, il s'est retiré aujourd'hui de l'arène publique.