Le premier âge, celui des langes et du berceau, est consacré tout entier aux soins du corps ; plus tard il n'en reste aucune trace dans la mémoire.
Puis vient l'enfance, qui nous fournit nos premiers souvenirs.
A l'enfance succède l'adolescence; l'homme alors peut engendrer, devenir père d'une nouvelle famille.
Ensuite, c'est la jeunesse, appelée à remplir les charges publiques et à se discipliner sous l'empire des lois. A cet âge une plus grande sévérité contre les fautes retenant les coupables par la crainte du châtiment, devient pour les esprits charnels l'occasion des mouvements les plus désordonnés et multiplie leurs désordres : leur péché n'est pas seulement un mal, c'est de plus la violation d'un engagement.
Après les travaux de la jeunesse l'âge mûr jouit de quelque repos ; puis vient la douloureuse et pâle vieillesse, traînant tristement jusqu'à la décrépitude et la mort le triste cortége de toutes les maladies.
Telle est la vie de l'homme, quand il ne vit que pour le corps et se laisse enchaîner par les passions charnelles. Voilà ce qu'on appelle le vieil homme, l'homme extérieur et terrestre, quand même il goûterait sa part de bonheur en ce monde, dans une société bien réglée sous l'autorité des rois ou des princes, des lois, ou même de toutes ces formes de gouvernement. Autrement en effet un peuple ne saurait être convenablement constitué, pour ne poursuivre même que les biens d'ici-bas ; lui aussi doit avoir encore son genre de beauté.
Cette vie du vieil homme, extérieure et charnelle, soit qu'elle garde une sorte de modération qui lui est propre, soit qu'elle ne puisse se contenir dans les limites d'une justice inspirée par la crainte, c'est la vie de beaucoup d'hommes du berceau à la tombe.
D'autres, dès le début, y sont inévitablement assujétis ; mais ils renaissent ensuite à la vie intérieure ; une force toute spirituelle soutenue par des progrès incessants dans la sagesse détruit et anéantit en eux tous les débris de ce vieil homme, les attache sans retour aux lois divines, jusqu'à ce que la mort complète leur régénération. Voilà ce qu'on appelle le nouvel homme, l'homme intérieur et céleste, ayant aussi dans cette vie spirituelle ses différents âges, distingués non plus par les années, mais par les degrés de perfection.
Il oublie au second les choses humaines pour s'élever à celles du ciel ; l'autorité des hommes ne lui suffit plus ; sa raison marche à grands pas vers la contemplation de la loi souveraine et immuable.
Plus confiante au troisième âge, l'âme sait subordonner les désirs de ta chair à la force de la raison ; en établissant l'union entre la vie animale et l'esprit, elle goûte comme les joies d'un chaste hymen, dont la pudeur est le voile: l'homme fait alors le bien sans y être contraint ; le péché fût-il permis, pour lui il n'aurait plus d'attraits.
Au quatrième âge se révèlent les mêmes caractères, mais avec plus d'énergie encore, et une activité mieux réglée ; l'homme parfait commence à nous apparaître, disposé et propre à souffrir, à surmonter toutes les persécutions, toutes les tempêtes, toutes les agitations de ce monde.
Au cinquième, c'est la paix, le calme de tous côtés ; ce sont les richesses et l'abondance, c'est, dans le coeur, le règne immuable de la souveraine et ineffable sagesse.
Au sixième le changement s'achève pour la vie éternelle ; il va jusqu'à l'oubli le plus complet de la vie présente, pour acquérir la transformation parfaite à l'image de Dieu et à sa ressemblance.
Enfin le septième est le repos éternel, le perpétuel bonheur, où n'est plus possible aucune distinction d'âge. Car si la mort est la fin du vieil homme, la fin de l'homme nouveau est la vie éternelle, parce que l'un est l'homme du péché et l'autre celui de la justice.
(Oeuvres de St Augustin - Abbaye St Benoit de Port Valais)
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