Le gouvernement Ayrault, en confirmant son intention de procéder à ses deux réformes lors de la Journée Mondiale contre l’Homophobie, n’a pas tardé à poser le débat sur les bases biaisées et convenues que l’on pouvait attendre.
Poser le débat, c’est au demeurant une expression impropre : débat-on seulement de la haine et de la phobie ?
Reprenons, donc : le gouvernement Ayrault n’a pas tardé à interdire le débat.
Il aurait eu tort de s’en priver : cela fonctionne déjà très bien sans lui.
Pour avoir seulement évoqué les mobilisations d’ores et déjà en cours et celles à venir, j’ai écopé des anathèmes prévisibles : identitaire, homophobe etc.
D’ici là, transgressons les interdits : débattons. Car, avec d’autres, je revendique le droit de considérer que la légalisation de l’adoption homosexuelle est inopportune sans nourrir pour autant une quelconque haine ou hostilité envers les homosexuels. Peut-être certains parviendront-ils à s’en souvenir pendant les mois à venir, puisque le débat parlementaire est annoncé pour durer de l’automne 2012 à la fin du premier semestre 2013.
Il faut au demeurant saluer la décision du gouvernement, qui semble faire sur cette question le choix de la clarté : plutôt que de disjoindre artificiellement le mariage gay de l’adoption homosexuelle, il annonce un texte global.
J’avais pourtant moins de réserves sur le mariage. Non seulement j’ai dans mon entourage un couple homosexuel fidèle depuis bientôt vingt ans mais, à force de renoncements, d’ouvertures et d’assouplissements, le mariage civil ne recouvre guère aujourd’hui que la portée symbolique que les mariés veulent bien lui donner.
Ni l’amour ni la volonté initiale d’avoir des enfants n’en sont des conditions. Et lorsque l’on voit l’usage que certains couples font du mariage, on peut se demander ce que l’institution y perdrait à se généraliser à des couples homosexuels dont l’amour et la fidélité sont éprouvés.
C’est, aussi que le débat est mal placé lorsqu’il est placé ainsi.
La question n’est évidemment pas de convenir ou de nier la sincérité de l’amour que peuvent se porter deux personnes homosexuelles.
Mais l’institution du mariage a une valeur sociale et notamment une valeur d’exemplarité. Certains le contestent. Mais alors, si l’institution n’a pas justement un impact sur la société, pourquoi des groupes homosexuels souvent au fait des tendances réclament précisément l’institution du mariage gay quand le mariage est perçu comme du dernier ringard dans la société ?
A ce stade, s’adjoint à ce débat une question qui ne semble pas prête d’être tranchée : l’homosexualité est-elle innée ou acquise ?
Peut-on choisir l’homosexualité ?
Personnellement j’en doutais, jusqu’à ce qu’un ami homosexuel ne m’assure du contraire… Si tel est le cas, présenter l’homosexualité comme une situation aussi naturelle que l’hétérosexualité, lui donner une caution publique, est susceptible de contribuer à orienter les personnes vers l’homosexualité.
C.F. a eu cette formule qui, à défaut d’être pensée a pour elle d’être tranchée : « la loi naturelle est fasciste ». Une fois encore, interdire aux autres de penser. Car on peut trouver la nature contraignante, mais elle offre d’utiles repères qu’il est bon de garder à l’esprit si l’on n’entend pas s’engager dans une forme de réécriture idéologique de la Nature et de l’Homme.
Une tribune récemment parue dans un journal de référence est particulièrement éclairante à cet égard. L’auteur a cette formule, magique : "le mariage monogame est biphobe". Il se déclare favorable à un «contrat universel» permettant de s’unir à plusieurs, pour former un «trouple» (il se montre d’ailleurs inexplicablement discriminatoire envers les « quouples», qu’il ne mentionne pas).
On aurait tort de ranger cette tribune au rang des élucubrations folkloriques d’un écrivain en mal de transgression (j’ai pourtant soupçonné l’imposture littéraire).
Dès lors que l’on s’abstraie de cette conception naturelle selon laquelle le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, et la famille, composée d’un papa, une maman et un ou plusieurs enfants, rien ne s’oppose plus à cette vision.
Car où serait-il donc gravé que le mariage ne devrait être que l’union de deux personnes ? La question n’est pas rhétorique.
Qui m’expliquera pourquoi l’on s’opposerait à l’union de trois hommes ?
Deux hommes et une femme ?
Trois femmes et un homme ?
A un « souple », à six ?
Prenez garde de hausser trop tôt les sourcils : les progressistes d’aujourd’hui sont les réacs de demain.
De même que certains ont imaginé par le passé de créer un Homme nouveau, d’autres songent à créer des Familles nouvelles et, comme souvent lorsque l’idéologie veut façonner un nouvel Homme, les raisonnements s’emballent, pris au piège d’une mécanique désincarnée.
On pourrait toutefois s’en tenir à cet adage poétique et populaire, dont on ne sait plus s’il est libéral, libertaire ou seulement post-pubère : « chacun fait ce qui veut avec son cul ». Je reconnaitrais sans barguigner ce droit audit chacun s’il ne demandait son onction à l’Etat, donc à la société, donc à moi… et s’il n’y avait que son cul dans l’affaire.
Car on en vient à l’adoption, et à la procréation médicalement assistée (sans parler de la « pluriparentalité », très sérieusement revendiquée.
En effet, en choisissant de soumettre à la discussion un texte global sur le mariage et l’adoption homosexuels, le gouvernement a eu au moins le mérite de briser l’hypocrisie consistant à disjoindre les sujets.
C’est qu’au-delà du cul-dont-chacun-fait-ce-qu’il-veut, on trouve l’enfant.
L’enfant qui sera placé, par la volonté de deux personnes et du législateur, chez un couple homosexuel. Cet enfant aura subi un premier traumatisme : la mort ou l’abandon de ses parents. En fonction de son âge, il aura subi un second traumatisme : l’arrachement à ceux qui auront pris le relais. Il devra également gérer son adoption, lorsqu’il en aura conscience, et chacun connaît autour de lui des adolescents pour lesquels cela a été spécialement compliqué. Eh bien, cet enfant, qui devra déjà gérer cette singularité, devra également apprendre à grandir sans une maman, ou sans un papa et ce, en raison d’une revendication minoritaire, d’un emballement idéologique, d’un gouvernement démagogique et d’un parlement empressé.
Ceci représente à la fois un manque affectif, une nouvelle singularité, et l’absence de structuration par la confrontation quotidienne à l’altérité sexuelle, au profit de la similarité. Oh bien sûr, on me dit qu’il y aurait des enfants heureux dans ces couples. Je n’en doute pas : je pense que nombre d’enfants sont capables de s’adapter, ne serait-ce que par un principe de vie. Mais quid de celui qui ne s’adapte pas ? Et au nom de quoi se permet-on de placer délibérément un enfant dans l’obligation de s’adapter ?
Bien sûr, on me dit aussi qu’il y a des couples homosexuels aimants et des coupes hétérosexuels violents, ou alcooliques. C’est un fait. Mais il ne faut pas être discriminatoire : il existe aussi des couples homosexuels violents, ou alcooliques.
Au-delà encore des considérations abstraites, il y a ces chiffres bruts, trop bruts pour traduire l’attente souvent douloureuse de tous ces couples : il y a en France près de 25.000 couples en attente d’un enfant à adopter, et seulement 4.000 enfants adoptables par an. Ceux-là, qui entend leur douleur ?
Ne peut-on penser qu’il n’y a ni urgence ni opportunité à légaliser l’adoption homosexuelle ?
3 commentaires:
La vie est ainsi faite, inutile de vouloir refaire le monde, des couples hommes hommes se forment, des couples femmes femmes se forment, des couples hommes femmes se forment, des femmes peuvent avoir des enfants, d'autres non... et alors, il faut laisser les choses ainsi, et ne pas vouloir absolument tout faire rentrer selon ce que l'Homme veut... Si tout est ainsi, c'est que dans le cycle de la vie ça devait être comme cela... faire un passage sur la terre, naître, vivre, mourir comme tout ce qui passe sur la terre... et ne pas juger !
Absolument d'accord : il n'est pas question de juger les hommes sur ce qu'ils sont ! chaque homme est respectable... Il faut simplement se rappeler qu'il y a un ordre sur terre et que si l'on transgresse cet ordre le pire peut arriver ! Vouloir refaire le monde en effet c'est ouvrir la porte à l'apprenti sorcier ! Il suffit de voir la pollution galopante conséquence des "besoins" humains, le libre arbitre actuel qui détruit les règles établies, la disparition programmée de la cellule familiale et des nations, l'assassinat des enfants dès avant leur naissance, apanage de ce siècle qui fait cela à grande échelle et qui aboutira à d'autres crimes bientot puisqu'on supprime déjà 90% des enfants "à problème" dans le ventre de leur mamman et que demain les malades, les handicapés et les vieux seront sur la sellette.... C'est évident qu'en faisant un monde à la mesure de l'homme on risque de se retrouver dans le livre de George Orwell qui disait : « Les conséquences d'un acte sont incluses dans l'acte lui-même. »
l'homme se veut libre et considère tout empêchement à ses décisions comme un crime de lèse majesté ! il oublie souvent que la véritable liberté n'est pas celle qui consiste à n'en faire qu'à sa tête (ou autre chose...) car toute liberté entraine un juste choix et une responsabilité de ses actes et c'est justement ce que l'homme d'aujourd'hui ne veut pas : être responsable !
Enregistrer un commentaire