J'aime bien l'article de Yves Ponroy qui décante le comportement des citoyens face aux élections. Il donne quelques éléments de réflexion plutôt bienvenus et je suis assez d'accord avec lui quant à son raisonnement....
" La politique électorale est un spectacle populaire. L’intrigue doit être simple, il y a les bons et les méchants, comme dans un western ou comme au théâtre de marionnettes. C’est toujours le gentil qui gagne et le méchant qui reçoit les coups de bâtons !…
Le divertissement populaire, le spectacle du cirque ou du stade, ne sont pas faits pour penser mais pour nous donner des émotions. Tout bon tribun sait que l’on entraîne les foules avec des émotions et non pas avec des réflexions. Les idées doivent être simples et, si possible, se réduire à des slogans simplistes.
Le divertissement populaire, le spectacle du cirque ou du stade, ne sont pas faits pour penser mais pour nous donner des émotions. Tout bon tribun sait que l’on entraîne les foules avec des émotions et non pas avec des réflexions. Les idées doivent être simples et, si possible, se réduire à des slogans simplistes.
Les bons sentiments sont vendeurs, pas les idées. Le rêve est vendeur, pas la réalité ; l’émotion est vendeuse, pas la réflexion ; la vision simple d’un monde idéal est vendeuse, pas la description d’un monde complexe.
Nous avons tous observé les mouvements d’humeur d’une foule. C’est toujours l’émotion et la versatilité qui domine. La foule, dans un stade, peut conspuer ceux qu’elle acclamait hier. Une foule est une entité à part entière qui n’existe que par l’émotion qu’elle génère. Une rue pleine de monde n’est pas une foule. Un cortège qui défile dans la même rue devient une foule, avec ses émotions, ses joies, ses colères et ses haines. La foule est comme un petit enfant, imprévisible et capricieux. Tout rassemblement devient foule et, dès lors, chacun cesse de penser par lui-même. La foule génère, sous forme d’émotions, une énergie colossale et contagieuse. Dans une foule on perd son individualité et son libre arbitre, c’est pourquoi une foule est toujours potentiellement dangereuse. C’est cette foule là qui acclame les hommes politiques et répète leurs slogans.
La haine qui émane des stades fait peur. Dès lors qu’il y a compétition, la foule possède ce fâcheux penchant à générer de la haine, comme on peut le constater dans les meetings politiques. Le but n’est pas de défendre des idées pour construire un monde meilleur, mais le but consiste à battre l’autre. Les militants deviennent haineux, comme des guerriers. Tous les termes qu’ils utilisent sont ceux du combat acharné, jusqu’à la mise à mort qui est encore symbolique. Mais l’on sent bien que si la foule était plus nombreuse, et livrée à elle-même, cette mise à mort ne serait pas que symbolique ! Si l’action politique consistait à échanger des idées, il n’y aurait pas de combat. C’est précisément parce que la politique n’échange aucune idée qu’il y a combat autour de slogans simplistes.
Et le combat est toujours celui des gentils contre les méchants. Cela suppose que l’adversaire fasse partie des méchants, ce qui justifie qu’il faille l’abattre. Dans une vraie démocratie, les choses pourraient s’équilibrer, en ce sens que chaque parti est le méchant de l’autre. Mais dans tout combat, il faut un arbitre. Le peuple n’est pas l’arbitre, puisqu’il est celui qui tranche le jour du scrutin. Les media sont les seuls arbitres possibles en rapportant les mots et les gestes des uns et des autres, de façon équilibrée.
Nous avons tous observé les mouvements d’humeur d’une foule. C’est toujours l’émotion et la versatilité qui domine. La foule, dans un stade, peut conspuer ceux qu’elle acclamait hier. Une foule est une entité à part entière qui n’existe que par l’émotion qu’elle génère. Une rue pleine de monde n’est pas une foule. Un cortège qui défile dans la même rue devient une foule, avec ses émotions, ses joies, ses colères et ses haines. La foule est comme un petit enfant, imprévisible et capricieux. Tout rassemblement devient foule et, dès lors, chacun cesse de penser par lui-même. La foule génère, sous forme d’émotions, une énergie colossale et contagieuse. Dans une foule on perd son individualité et son libre arbitre, c’est pourquoi une foule est toujours potentiellement dangereuse. C’est cette foule là qui acclame les hommes politiques et répète leurs slogans.
La haine qui émane des stades fait peur. Dès lors qu’il y a compétition, la foule possède ce fâcheux penchant à générer de la haine, comme on peut le constater dans les meetings politiques. Le but n’est pas de défendre des idées pour construire un monde meilleur, mais le but consiste à battre l’autre. Les militants deviennent haineux, comme des guerriers. Tous les termes qu’ils utilisent sont ceux du combat acharné, jusqu’à la mise à mort qui est encore symbolique. Mais l’on sent bien que si la foule était plus nombreuse, et livrée à elle-même, cette mise à mort ne serait pas que symbolique ! Si l’action politique consistait à échanger des idées, il n’y aurait pas de combat. C’est précisément parce que la politique n’échange aucune idée qu’il y a combat autour de slogans simplistes.
Et le combat est toujours celui des gentils contre les méchants. Cela suppose que l’adversaire fasse partie des méchants, ce qui justifie qu’il faille l’abattre. Dans une vraie démocratie, les choses pourraient s’équilibrer, en ce sens que chaque parti est le méchant de l’autre. Mais dans tout combat, il faut un arbitre. Le peuple n’est pas l’arbitre, puisqu’il est celui qui tranche le jour du scrutin. Les media sont les seuls arbitres possibles en rapportant les mots et les gestes des uns et des autres, de façon équilibrée.
Or, lors des récentes élections présidentielles en France, il n’y avait pas d’arbitre puisque l’ensemble des grands media nationaux avait indiqué où se trouvaient les bons et où étaient les méchants. Il ne semble pas exagéré de dire que la France vient de vivre la première élection non démocratique, en absence d’un arbitre. Ceux qui devaient jouer le rôle d’arbitre ont, au contraire, attisé la haine… Personne n’a envie de voter pour les méchants. Au contraire, nous applaudissons quand ils reçoivent des coups de bâtons, comme chez Guignol. En ce sens, la dite élection fut un très bon spectacle. S’y ajouta un mot simple, un mot qui fait rêver et qui fait briller les yeux d’envie : le mot « croissance ». Qui pourrait refuser de se rallier à ce projet ? Chacun imagine déjà se partager « les fruits de la croissance ». Ce seul mot « croissance » a soulevé l’émotion des foules. Le gentil demande « la croissance », le méchant parle « d’économies ». Mais comme la foule ne se pose pas de question, personne n’a demandé quel chemin emprunter pour atteindre cette croissance. La croissance ne se décrète pas, elle nécessite une stratégie qui consiste à améliorer son efficacité économique pour redevenir compétitif. Cela suppose de profondes réformes de structure que personne n’envisage. En dehors de cela, la croissance n’est qu’un rêve, une illusion. La foule aime les illusions mais déteste les désillusions !…
Je rêve d’une autre démocratie dans laquelle on proposerait directement au peuple un véritable programme en faveur de la croissance, avec des buts précis et les moyens pour y parvenir. Un programme destiné non pas aux foules hystériques mais aux individus responsables. Un programme, avec des faits et des chiffres, basé sur une réalité objective. Oui, les citoyens ont besoin de rêver, mais de rêver à des objectifs réalistes et réalisables. Les rêves, pour lesquels on ne se donne pas les moyens de les atteindre, ne sont que des mensonges. Dans ces conditions, je crains que les gentils d’aujourd’hui soient les méchants de demain…
Je rêve d’une autre démocratie dans laquelle on proposerait directement au peuple un véritable programme en faveur de la croissance, avec des buts précis et les moyens pour y parvenir. Un programme destiné non pas aux foules hystériques mais aux individus responsables. Un programme, avec des faits et des chiffres, basé sur une réalité objective. Oui, les citoyens ont besoin de rêver, mais de rêver à des objectifs réalistes et réalisables. Les rêves, pour lesquels on ne se donne pas les moyens de les atteindre, ne sont que des mensonges. Dans ces conditions, je crains que les gentils d’aujourd’hui soient les méchants de demain…
Dans la commedia dell’arte, Polichinelle a l’apparence du gentil, c’est le bonimenteur qui fait rire et que l’on applaudit. C’est un rusé bouffon qui, sous des dehors balourds, endort tout le monde. Et, comme tous ceux qui cherchent à plaire, ses opinions sont changeantes. Comme l’écrivait Voltaire : « Ce monde est une grande foire où chaque polichinelle cherche à s’attirer la foule ».
Si Polichinelle faisait de la politique, c’est lui qui serait élu…
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