La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

mardi 1 mai 2012

C'est si simple !

Georges FRÊCHE (1938-2010) est un homme de gauche et un vieux routard de la politique. En février 2009, ce professeur honoraire d’histoire de droit romain à l’Université Montpellier I est enregistré par ses étudiants lors de son cours magistral (disponible sur youtube.com)
" Oui ! Ce que je vous dis, c’est l’évidence. Ah si les gens fonctionnaient avec leur tête ! Mais les gens ne fonctionnent pas avec leur tête, ils fonctionnent avec leurs tripes. La politique c’est une affaire de tripes, c’est pas une affaire de tête.

C’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %. Il y en a 3% avec moi et 3% contre. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse. Et jamais sur des sujets…
Enfin, aujourd’hui je fais ce qui m’intéresse comme Président de Région : j’aide les lycées, j’aide la recherche. Et quand je ferai campagne, dans deux ans pour être de nouveau élu, je ferai campagne sur des conneries populaires, pas sur des trucs intelligents que j’aurai fait : Qu’est ce que les gens en ont à foutre que je remonte les digues. Les gens s’occupent des digues quand elles débordent, après ils oublient. Ça les intéresse pas ! Les digues du Rhône, les gens ils s’en foutent. Ah ! à la prochaine inondation, ils gueuleront qu’on n’a rien fait. Alors moi je mets beaucoup d’argent sur les digues du Rhône, mais ça ne me rapporte pas une voix, par contre si je distribue des boites de chocolat à Noël à tous les petits vieux de Montpellier, je ramasse un gros paquet de voix.
Je donne des livres gratuits dans les lycées. Vous croyez que les connards me disent “merci”, ils disent « non, ils arrivent en retard ! » Comme si c’était ma faute parce que l’appel d’offres n’avait pas marché et que donc il y avait quinze jours de retard dans la livraison. Les gens, ils disent pas “merci” ; d’ailleurs les gens ils disent jamais “merci”. Les cons ne disent jamais “merci” !
Les cons sont majoritaires ! Et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue, parce que je sais comment les engrainer. J’engraine les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, etc.
Ça un succès de fou ! Ils disent : « Merde ! il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous. » Quand les gens disent « il est comme nous », c’est gagné ! Ils votent pour vous. Parce que les gens votent pour ceux qui sont comme eux. Donc il faut essayer d’être comme eux.
Là, les Catalans me font chier, et je leur tape dessus parce qu’ils m’emmerdent. Mais dans deux ans, je vais me mettre à les aimer. Je vais y revenir, je vais leur dire : « Mon Dieu, je me suis trompé, je vous demande pardon ! » Ils diront : « qu’il est intelligent ! » Ils me pardonneront… Ils en reprendront pour 6 ans !
C’est un jeu, qu’est ce que vous voulez, il faut bien en rire. Avant je faisais ça sérieusement, maintenant j’ai tellement l’habitude de la manœuvre que ça me fait marrer.
Les cons sont cons et en plus ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer ? Pourquoi voulez vous les changer ? Si vous arrivez à faire en sorte que les gens intelligents passent de 6 à 9 % voire à 11, vous ne pourrez pas aller au-delà.
Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime. Mais ça ne m’empêche pas de les juger.
Et après, quand vous avez raison, après ils vous donnent raison, mais toujours 3 à 4 ans après. Ils disent : « mais il est pas si con parce que, après tout, ce qu’il a fait, ça marche. »
Donc vous faites des trucs, vous vous faites élire, 6 ans :
Les 2 premières années vous devenez maximum impopulaire. Vous leur tapez sur le claque bec, etc. « Ah salaud ! le peuple aura ta peau ! On t’aura ! » moi je dis : « cause toujours, je vous emmerde ! »
Ensuite 2 ans vous laissez reposer le flan. Vous faites des trucs plus calmes.
Et les deux dernières années, plus rien du tout, des fontaines, des fleurs, et des bonnes paroles : « Je vous aime ! Ô Catalans, je vous aime ! Ô Occitans mes frères, je vous aime ! » Vous faites un petit institut, une merde pour propager le catalan auprès de 4 “guguss” : tout le monde est content ! Évidemment, ils parlent catalan comme ça personne les comprend à 3 km de chez eux. Mais, ça leur fait plaisir.

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