N'y voyez rien d'anodin si l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a choisi le jour de la Saint-Valentin pour publier une étude sur la solitude et la vie de couple des Français.
"En ce jour où l'attention est focalisée sur les gens en couple, nous voulions proposer un portrait plus fidèle de la situation de l'ensemble des Français", explique Pascale Breuil, responsable de l'unité des études démographiques et sociales à l'Insee.
Et l'élément majeur de l'étude, c'est justement la forte progression des personnes vivant seules. Elles sont plus de 9 millions aujourd'hui en France, contre 6 millions en 1990. Soit une hausse de 50 % en à peine plus de vingt ans.
Le vieillissement démographique explique en partie cette évolution, puisque sur les 9 millions de personnes résidant seules, la moitié est âgée de 60 ans ou plus (44 %).
Chez les seniors vivants seuls, les femmes sont assez logiquement majoritaires, à 38 % contre 17 % pour les hommes.
Chez les seniors vivants seuls, les femmes sont assez logiquement majoritaires, à 38 % contre 17 % pour les hommes.
Davantage confrontées au veuvage, car elles sont généralement plus jeunes que leurs conjoints, elles vivent en outre plus longtemps en moyenne.
Au-delà de la démographie, l'évolution des comportements est également à prendre en compte.
Pour commencer, les jeunes âgés de 20 à 29 ans s'installent moins rapidement en couple après avoir quitté le cocon familial et sont 18 % à opter pour l'habitat en solo. Au-delà de la démographie, l'évolution des comportements est également à prendre en compte.
Ensuite, c'est surtout en milieu de vie – entre 30 et 59 ans – qu'il devient de plus en plus fréquent de résider seul.
En cause, la fragilité des unions. Les hommes (15 % de cette tranche d'âge) sont les plus touchés. D'abord, parce qu'ils se mettent en couple plus tardivement, ensuite, car ils obtiennent plus rarement la garde des enfants en cas de séparation.
A noter qu'il existe des disparités de situations selon les catégories sociales. Entre 30 et 59 ans, les employés forment le plus gros contingent de personnes vivant seules (18 %), devant les ouvriers (16 %). A l'inverse, seuls 10 % des agriculteurs habitent seuls. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'ils vivent plus en couple que la moyenne : ils sont nombreux à habiter avec leurs parents sur l'exploitation familiale. Les artisans-commerçants et les cadres sont, eux, plus souvent en couple que la moyenne. "Les premiers exercent des professions, où ils ont souvent besoin d'une compagne à leurs côtés, analyse Pascale Breuil. Les seconds ont un niveau de vie plus élevé, ce qui est plus attractif pour une éventuelle compagne et favorise donc la vie de couple."
Chez les femmes, les championnes de la vie de couple sont les agricultrices : 88 % d'entre elles habitent avec un conjoint. Bien moins nombreuses que les hommes à exercer cette profession, elles sont très souvent mariées avec un agriculteur.
A l'inverse des hommes, les femmes cadres semblent moins se faire à la vie de couple. 17,8 % d'entre elles vivent seules, contre 11,7 % chez les employées et 11,1 % chez les ouvrières. "Les femmes cadres ont des aspirations différentes, font passer leur carrière avant leur vie sentimentale et sont moins disponibles pour des rencontres", explique Pascale Breuil. Cependant, l'écart avec les autres catégories sociales se réduit progressivement depuis 1990.
Enfin, il existe des disparités géographiques. La région Pays de la Loire, est la championne toutes catégories de la vie de couple. Trois quarts des personnes y sont en couple. "C'est une région où les divorces sont moins fréquents et où subsistent les modèles familiaux traditionnels", explique Pascale Breuil.
Tout l'inverse de la Martinique, où seule la moitié des 30-59 ans vit en couple. "Une région où il y a beaucoup de familles monoparentales, où traditionnellement la place de la mère est centrale et où les difficultés économiques et la pénurie de logements maintient nombre de personnes au domicile de leurs parents", poursuit la démographe.
En France métropolitaine, l'Ile-de-France et la Corse remportent la palme des régions où l'on vit le plus souvent seul.
Cette forte progression du nombre de personnes vivant seules n'est pas sans conséquence sur la demande en logements. L'Insee produit régulièrement des projections du nombre de logements à prévoir en fonction de ces nouveaux facteurs, précise Pascale Breuil. Reste alors aux politiques de les prendre en considération.
Article de Pauline Pellissier sur Le Monde
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