A force d’être confronté, dans les discussions familiales ou les repas entre amis, aux accusations de contradicteurs, j’ai fini par sentir grossir au fond de mon estomac une petite bulle de culpabilité. Lorsqu'une personne se rit de nous devant les autres et tourne en dérision notre opinion cela à de quoi destabiliser !
Sans trop m’étonner d'ailleurs car nous savons que l’objectif des maîtres de la dialectique manipulatrice est de conduire leurs adversaires à la conscience malheureuse grâce au lavage de cerveau.
Toute proportion gardée, il n’est pas toujours facile d’avoir la conscience tranquille quand on se retrouve seul contre tous, objet de ricanements, accusé de ne pas comprendre les malheurs du monde, d'avoir des idées démodées comme, par exemple de laisser souffrir les mourants en refusant l’euthanasie…
Posons-nous donc quelques questions de conscience.
1/ En nous opposant à l’euthanasie, sommes-nous vraiment coupable de toutes les maladies et des souffrances physiques ou morales endurées par les personnes dépendantes ou en fin de vie ?
Non.
Nous sommes totalement pour qu’on lutte contre la douleur et qu’on soulage la souffrance. Et nous considérons d’ailleurs que l’euthanasie est une mort violente dont les auteurs et les témoins ont du mal à se remettre.
2/ En contestant le mariage homosexuel, sommes-nous vraiment coupable de toute la souffrance morale des personnes qui désirent un enfant alors que les relations qu’ils entretiennent rendent biologiquement impossible l’assouvissement d’un tel désir ?
Non.
Nous ne sommes pas maitres de la nature qui empêche ces relations d’être fécondes. Mais entretenir un fantasme d’homoparentalité n’est pas un service à rendre aux personnes homosexuelles, ni aux enfants qu’on priverait d’un père ou d’une mère.
3/ En récusant la gestation pour autrui, sommes-nous vraiment responsable de la souffrance d’une femme que sa physiologie empêche d’enfanter ?
Non.
Nous en sommes désolés pour elle. Cependant, une telle maladie n’est pas une raison pour décider qu'un enfant, avant même sa conception, aura sa vie saucissonnée entre deux voire trois mamans. De quel droit lui imposer cette injustice ?
Et de quel droit faire du corps d’une femme et de la vie de l’enfant qu’elle porte un objet de contrat ?
On peut continuer thème par thème car cette victimisation consiste à faire porter la responsabilité d’un mal dont quelqu’un souffre sur celui dont on veut éliminer le point de vue gênant.
Partout où l’on revendique une transgression avec comme argument la souffrance, il convient de revenir à la réalité :
- moi qui ne pense pas comme le groupe, je ne suis pas la cause de cette souffrance.
- ensuite, supprimer une épreuve n’est légitime qu’à condition que cela ne provoque pas d’injustice, simplement parce que la fin ne justifie pas les moyens, tous les moyens n’étant pas bons.
- enfin, tout le monde, sur terre, connait un jour ou l'autre des frustrations.
Certains revendicateurs n’en finissent pas de gémir sur leurs épreuves personnelles comme si nous devions en endosser la responsabilité. Pour ne pas se laisser pigeonner par cette victimisation, il ne faut pas oublier que nous avons, nous aussi, une vraie vie, une vraie mort, des joies, des peines et des deuils. Comme tout le monde ! N’hésitons pas à en témoigner car la technique de victimisation vise à nous isoler comme si nous n’étions pas des vraies personnes
D'après une idée de Tugdual Derville
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire