Est-ce parce qu’on ne pardonne pas à Viktor Orban :
1 - d’avoir courageusement, à 26 ans, tenu tête au pouvoir communiste qui écrasait son pays que « sa » Hongrie est aujourd'hui sous le coup d'une mobilisation politico-médiatique d'une ampleur ahurissante ?
1 - d’avoir courageusement, à 26 ans, tenu tête au pouvoir communiste qui écrasait son pays que « sa » Hongrie est aujourd'hui sous le coup d'une mobilisation politico-médiatique d'une ampleur ahurissante ?
2 - parce que le Premier ministre hongrois est pro-vie ?
3 - parce que sa Constitution musclée et centrée sur l’identité chrétienne rompt avec le relativisme ambiant ?
Un peu de tout cela, sans doute…
Mais à l’heure d’écrire il est difficile de trouver ne serait-ce qu’un seul papier dans les gros médias, francophones ou non, qui ne le présente comme un dictateur, un tyran, meneur d’un parti qui impose sa loi sur un peuple privé de toute liberté, un irresponsable qui mérite de voir son pays mis en coupe réglée par l’Union européenne.
Mais à l’heure d’écrire il est difficile de trouver ne serait-ce qu’un seul papier dans les gros médias, francophones ou non, qui ne le présente comme un dictateur, un tyran, meneur d’un parti qui impose sa loi sur un peuple privé de toute liberté, un irresponsable qui mérite de voir son pays mis en coupe réglée par l’Union européenne.
« L’Europe pourrait laisser la Hongrie faire faillite » titrait mardi Le Figaro, un peu vite au regard du contenu de l’interview qui suivait, mais enfin c’est l’idée qui reste. On ne tient pas tête impunément à Bruxelles.
Le différend principal, s’il porte bien aussi sur les points évoqués plus haut, est en effet financier et bancaire.
En modifiant les règles de composition de la Banque centrale hongroise la Hongrie a violé les principes qui ont cours à Bruxelles et irrité le Fonds monétaire international. Là est le nœud de la question. C’est la raison de l’unanimité des voix politiques et médiatiques pour hurler ensemble et focaliser l’attention sur l’opposition au « régime » de Viktor Orban et la nouvelle Constitution entrée en vigueur le 1er janvier. Le ton est hystérique.
On était très, très loin d’en faire autant lorsque la Hongrie était communiste…
A croire que les 70 000 ou 100 000 manifestants de l’opposition qui se massaient lundi soir dans les rues de Budapest à l’appel de la gauche et des écologistes ont en réalité été mobilisés pour défendre « l’indépendance » de la Banque centrale dont probablement ils se contre-fichent…
Kornelia Magyar, de l’Institut progressiste hongrois, a reconnu naïvement que si l’on votait aujourd’hui, le mouvement d’opposition à Orban n’emporterait pas les élections. Ce serait étonnant en effet, puisque le Fidesz a réuni plus de 54 % de suffrages en avril 2010 et une écrasante majorité de sièges au parlement.
Voilà une démocratie non démocratique, un populisme suspect, une originalité qui ne sera pas tolérée. Il n’est pas question de laisser un Etat de l’UE, fût-il à l’écart de la zone euro, reprendre du pouvoir souverain sur sa politique monétaire et sur le rôle de sa Banque centrale.
Je ne sais jusqu’où va en réalité la volonté du gouvernement hongrois de rompre avec ce qui est, après tout, un choix idéologique : l’indépendance des Banques centrales est un parti pris d’économistes qui a la faveur de l’Europe et de la grande finance (l’existence d’une Banque centrale est une exigence du Manifeste de Karl Marx…), avec les résultats que l’on sait et l’objectif mondialiste qui devient de plus en plus apparent. L’école autrichienne estime que la mainmise des Banques centrales sur la monnaie, par le jeu de l’imposition de taux directeurs trop bas, crée des bulles économiques par l’excès de crédit avant de provoquer des rétrécissements dramatiques où les mauvaises créances deviennent visibles (nous y serions en plein à en croire ces économistes).
En tout cas, la Commission européenne et le FMI ont décidé de cesser toute discussion portant sur une aide financière à la Hongrie pour tenter de stopper la réforme de la Banque centrale et ils n’ont « pas encore décidé » s’ils vont retourner à Budapest pour augmenter la pression maintenant qu’elle a été adoptée.
La Hongrie, nous dit-on, est dans une crise sans précédent à cause d’Orban et de sa politique. Mais elle est avant tout dans des difficultés terribles en raison de la dévaluation de sa monnaie nationale, le forint, de plus de 20 % face à l’euro depuis octobre. Cela a mécaniquement fait exploser sa « dette de Maastricht » aujourd’hui évaluée à 82, 6 % du PIB contre 76,7 % fin juin.
Ce chiffre, tout le monde le brandit… sans rappeler que la dette française est à 85,3 % du PIB selon l’INSEE au troisième trimestre 2010, contre 78,1 % à fin 2009.
Un chiffre qu’on n’entend guère, c’est celui du chômage en Hongrie. Selon Eurostat, son taux plafonnait à 11,4 % de la population active en janvier dernier : en octobre 2011, il s’établissait à 9,8 % sur une pente bien descendante.
Avec sa monnaie dévaluée (comme le serait la monnaie française si elle était en accord avec la situation française) et ses intérêts poussés à la hausse par une évaluation négative des agences de notation, il n’est pas sûr que la Hongrie puisse conserver sa courbe d’amélioration de l’emploi.
Il n’est pas sûr non plus qu’Orban puisse sortir son pays de son endettement... Quelle est l’alternative : une situation à la grecque ? Il n’est même pas sûr qu’Orban soit autre chose qu’un conservateur un peu plus nationaliste que les autres – mais suffisamment pour déclencher les foudres mondialistes…
Comme celles d’Alain Juppé, qui dénonce un « problème aujourd’hui » en Hongrie et proclame : « Il appartient à la Commission européenne de vérifier que ces nouveaux textes constitutionnels respectent ce qui fait le bien commun de tous les pays de l’Union européenne, c’est-à-dire l’Etat de droit et le respect des grandes valeurs démocratiques. »
Et puis quoi : déclarer la guerre ?
La chancellerie hongroise a réagi avec irritation. Parmi ces « valeurs » dont la survie serait menacée : le droit à l’avortement, le statut des unions homosexuelles, la laïcité…
On reproche à Orban sa politique de priorité pour la famille, la volonté de favoriser la natalité, le refus d’inscrire l’orientation sexuelle au nombre des catégories protégées contre la discrimination, son exaltation de l’histoire hongroise.
Et si l’on y pense bien, ce sont ces choix, plutôt que les manœuvres bancaires, qui sont seuls en mesure de sortir la Hongrie de la situation désastreuse où elle se trouve en effet. Avec un taux de fécondité voisin de 1,3, le pays est en plein suicide démographique. A côté de cela, tout le reste est littérature.
Article de Jeanne Smits journaliste à Présent - Janvier 2012)Et Eric Zemmour explique pourquoi la Hongrie et au pilori :
"Dans cette constitution hongroise, il y a désormais une référence à Dieu : voilà une horreur théocratique partagée avec la première démocratie de l’histoire, les Etats-Unis!", ironise Eric Zemmour.
Le journaliste explique que le Premier ministre hongrois Viktor Orban, (figure de la résistance anti-communiste à la fin des années 80 et fondateur de l’Alliance des jeunes démocrates) "a renforcé l'influence de l'Etat dans la Banque centrale de Hongrie", et dit-il, "on comprend alors pourquoi Daniel Cohn-Ben-dit et Manuel Barroso sont aux quatre cents coups ! Orban a même taxé jusqu'à 60% les bénéfices des banques : le criminel de guerre ! le terroriste !...
Un chef de gouvernement qui tente de reprendre en main sa souveraienté monétaire et financière !... l'Union Européenne et le F.M.I. tentent de faire plier l'odieux rebelle."
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