Ca m'inquiète cet empressement de légaliser "le droit de mourir de la dignité" comme ils disent, en fait d'euthanasier, ou encore de piquer comme un animal, les gens qui n'ont plus rien à faire sur terre. En Hollande, les choses s'accélèrent : désormais c'est devenu pratique comme une livraison de pizza à domicile : il suffit de téléphoner et une équipe vient chez vous et fait le nécessaire ! Bref il parait qu'ils rendent service ! Moi ce que je crains, c'est qu'un jour quelqu'un de bien intentionné décide que ma vie ne vaut pas la peine d'être vécue et juge à ma place qu'il est temps que je parte... Car la dignité n'est ce pas aussi de vivre sa vie... jusqu'au bout ?
Ils tournent dans la ville d’Amsterdam, prêts à administrer la mort sur demande. Il s’agit d’unités sanitaires mobiles, composées de médecins et d’infirmières (tous volontaires) disposées à pratiquer l’euthanasie à domicile. Cette initiative controversée qui s’appelle Levenseinde (Fin de Vie) a été introduite en Hollande par la NVVE, Nederlandse Vereniging voor een Vrijwillig Levenseinde, ce qui signifie : association pour une fin volontaire de vie, un groupement qui avec ses 130 000 membres se vante d’être la première organisation d’euthanasie dans le monde.
Ces anges de la mort douce interviennent lorsque les médecins de famille ne sont pas en mesure de faire ou refusent d’administrer l’euthanasie à leurs propres patients. Un appel téléphonique suffit, ou un e-mail, et dans l’espace de 48 heures les services à domicile arrivent. Ce qui a permis, entre autre, de contourner “l’obstacle” qui dérive de l’objection de conscience. En effet, même si la législation hollandaise en matière d’euthanasie est l’une des plus libérales au monde (les Pays Bas ont été la première nation qui l’ait légalisée en 2002), les médecins peuvent toutefois refuser de pratiquer la mort douce pour des motifs éthiques, philosophiques ou religieux.
Walburg de Jong, le porte-parole de NVVE, explique comment se déroule la prestation : tout d’abord on pratique une injection sédative qui plonge le patient dans un sommeil profond, puis, avec une seconde injection, léthale cette fois, le battement cardiaque et la respiration s’arrêtent.
Depuis qu’ils sont opérationnels – c’est à dire depuis le début du mois de mars 2012 – les volontaires de la mort ont reçu une soixantaine d’appels. On ne sait que peu de choses de ces unités mobiles de la NVVE, si ce n’est que l’un des coordinateurs est un médecin de 77 ans en retraite, qui a à son actif de sa carrière une vingtaine de morts par euthanasie pratiquée par lui-même. En Hollande, chaque année entre deux mille et trois mille suicides assistés sont commis, même s’il paraît que le nombre soit bien supérieur si l’on prend en compte les cas non déclarés.
L’Ordre National des Médecins Hollandais (KNMG), tout en reconnaissant la légitimité de l’euthanasie ne s’est pas montré très convaincu de l’initiative de la NVVE. D’un point de vue déontologique en effet, l’Ordre rappelle que l’euthanasie constitue bien toujours « une façon de faire complexe », et que les médecins “volants” « ne peuvent pas avoir le temps d’instaurer une relation suffisamment profonde avec leurs patients qui permette d’évaluer de façon équilibrée leur demande ».
En outre, cet Ordre est sérieusement perplexe quant au nom donné à cette initiative (Fin de Vie), dans la mesure où il peut laisser penser que ce service n’est pas destiné exclusivement aux malades terminaux, mais aussi à tous ceux qui sont « fatigués de vivre ».
Cette affaire hollandaise du Levenseinde montre une fois encore que la légitimation de l’euthanasie représente une slippery slope, c’est à dire un plan incliné dangereux qui mène tout droit vers la banalisation du moment terminal de l’existence humaine.
Du reste, en 2009, c’est ce qu’a reconnu le Docteur Els Borst, ex-Ministre de la Santé et Vice Premier Ministre du gouvernement hollandais, bien qu’elle soit considérée comme l’auteur de la législation sur l’euthanasie aux Pays Bas, qui a eu le courage de faire une autocritique publique. Il y a une chose singulière qui frappe dans cette initiative de la NVVE. C’est que chaque unité de médecins et d’infirmières n’est envoyée en intervention qu’une seule fois par semaine et pas plus. Le motif de ce choix dans l’organisation tient à l’exigence de réduire au minimum les effets psychologiques sur les opérateurs.
Au fond, même s’ils se prémunissent en invoquant de bonnes propositions et des motivations de pitié, cela reste toujours un homicide. (G. A.) Correspondance Européenne
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