Vie des couples aujourd'hui ou comment être de son époque !
Modernes le divorce ? l'union libre ? le remariage ?
** Aujourd'hui un mariage sur trois se termine par un divorce. Qui intervient parfois très peu de temps après sa célébration ! L'un des deux époux n'est pas toujours d'accord sur cette rupture mais qu'importe, il est répudié s'il le faut....
** 54 % des naissances se font hors mariage. Des centaines d'enfants ne voient leur père qu'à "temps partiel"... Quand ils le connaissent !
** Il y a 710 000 familles recomposées (1 sur 10). 88 % des familles recomposées hébergent des enfants de plusieurs unions. Des "frères et soeurs" par obligation, qui n'ont ni la même famille, ni le même passé, ni parfois l'envie de vivre ensemble !
Il faut savoir que l'expérience d'une famille recomposée est devenue chose courante mais qu'elle reste au niveau intrinsèque "contre-nature". La famille recomposée pourrait s’exposer comme un type de "polygamie rétroactive" où la famille s’élargit en incluant le passé (l’ex conjoint ainsi que les enfants d’un autre homme ou d’une autre femme) au cœur même du couple.
La famille aujourd'hui est le temple de l'à peu près : incertaine, incomplète, indéfinie... Quand je pense qu'on assimile souvent le moyen âge à un temps de sauvage !
Revoyons les règles familiales qui ont été instaurées dès cette époque ....
Contrairement aux idées reçues, la femme, méprisée par les sociétés païennes où polygamie et répudiations faisaient partie des habitudes, est restaurée dans sa dignité à l'époque Carolingienne (742-888) grâce au Christianisme qui affirme l'égalité absolue de l'homme et de la femme dans le mariage.
Les temps carolingiens eurent ce grand mérite d'établir définitivement la doctrine du mariage canonique ; ils en introduisirent l'usage, élaborèrent une spiritualité conjugale, donnant ainsi son fondement à la famille. Le mariage prit alors le sens, la portée qu'il conserve jusqu'à aujourd'hui (sic).
Face à une société germanisée qui laissait l'homme libre de ses entreprises sexuelles, les évêques de l'Empire carolingien, fortement soutenus par la papauté et le pouvoir temporel, mirent en forme la doctrine du mariage chrétien. A la polygamie de fait, à la répudiation de la femme au gré du mari, ils opposèrent l'égalité de l'homme et de la femme dans le mariage : « Il n'y a qu'une loi pour la femme et pour l'homme, l'union monogamique et indissoluble ».
Dans un monde rural et compartimenté où l'on pratiquait le mariage endogamique, ils combattirent l'inceste.
A l'union officieuse, par simple consentement mutuel, ou au rapt rituel de l'épouse, ils opposèrent le mariage en forme canonique précédé des bans, de l'enquête de parenté, de l'autorisation des parents, de la bénédiction du prêtre.
Par une pratique quotidienne et quelques procès éclatants, Rome et l'épiscopat carolingien éliminèrent toute forme de divorce, sauf en cas d'inceste de l'un des époux ou de l'impuissance attestée du mari.
En parallèle, la législation assura la protection et les droits de l'enfant contre les tentatives d'avortement ou les négligences de ses propres parents. Malgré la résistance des mœurs traditionnelles héritées des sociétés idolâtres, la doctrine du mariage indissoluble prévalait, tandis qu'une législation cléricalisante tendait à assurer le monopole du mariage religieux comme seule forme juridiquement valable d'union entre l'homme et la femme.
« Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'Église » (Eph V, 25)
Cet effort réel ne se borna pas aux domaines juridique et liturgique du mariage mais il aborda également le problème fondamental de la vie des laïcs mariés. De là une spiritualité conjugale se mit en place sous l'influence d'auteurs qui s'intéressèrent de près à ces questions.
Très imprégnés de spiritualité monastique, les clercs insistèrent paradoxalement beaucoup sur la chasteté. Jonas d'Orléans offre aux laïcs du temps un véritable traité du mariage chrétien, s'inspirant de la Génèse, des Épîtres de Paul et des écrits de Saint Augustin. Rejetant la théorie naturaliste du mariage, il le définissait par sa finalité : la procréation. Dans cette perspective, l'union charnelle ne ne pouvait être anarchique. Au Lévitique et à l'Ecclesiaste, il empruntait les interdictions liées au cycle de la femme et il ajoutait celles du temps liturgique. Il voulait tenter à travers elles une éducation de la sensibilité, une discipline des sens.
Assez psychologue pour mesurer l'inanité d'une morale conjugale fondée sur la seule contrainte, il tenta aussi une éducation du cœur. Avec des accents magnifiques, il exalta l'amour réciproque des époux. Le mari devait être doux et bienveillant pour sa femme comme envers un être plus faible, se montrer plein de tendresse à son égard. Il n'avait aucun privilège dans le ménage : « Il n'est pas permis au mari, ce qui est interdit à la femme ». Jonas le mettait en garde contre le désordre dans sa propre maison, le concubinage ancillaire étant alors très fréquent. Si le mari méprisait ainsi son épouse, l'aboutissement était chez la femme le désir de quitter son mari, d'où l'ultime mise en garde de Jonas : « Ne donnez pas à vos femmes l'occasion de vouloir divorcer » sous-entendu la version positive : Aimez vos femmes, respectez-les et entourez-les de mille délicatesses, de sorte qu'elles n'aient jamais à se plaindre de vous.
« Gardez donc toujours, ô époux, un tendre, constant, et tout affectueux amour, pour votre épouse.» Saint François de Sales
Jonas d'Orléans se rendait compte de la difficulté de sa tâche d'éducateur du foyer, car autour de lui il voyait persister les désordres et surtout la pratique brutale de la répudiation.
la répudiation |
Pour se marier, les hommes de son temps se laissaient guider par l'origine sociale, la sagesse, la richesse ou la beauté de la future. Mais Jonas constatait que, du jour où la qualité qui avait déterminé le choix disparaissait, les maris se jugeaient libérés de leur engagement et concluaient une autre union après avoir répudié leur femme. La plupart, d'ailleurs, n'invoquaient d'autre loi que leur désir. Jonas refusait absolument cette prérogative masculine et il invitait les maris à entourer leur femme des mêmes soins qu'ils exigeaient d'elle.
Dans le mariage chrétien, la fidélité, le dévouement ne pouvaient pas être à sens unique, mais constituaient un constant échange. Pour cimenter le ménage, il donnait une œuvre commune, exaltante, l'éducation des enfants. Sans concession sur la morale ascétique de son temps, Jonas d'Orléans réussissait le tour de force d'offrir aux laïcs une spiritualité conjugale fondée sur le cœur, le respect de la femme, l'égalité des époux dans l'amour, dont certains accents annonçaient déjà l'idéal chevaleresque et plus bien tard la doctrine pleine de douceur d'un Saint François de Sales sur le mariage.
(Semper Fidelis)
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