La destruction de la famille est au centre du drame que traverse notre pays aujourd'hui. En effet, comme n'ont cessé de le répéter les pontifes, la famille a un rôle essentiel non seulement pour l'équilibre de chacun de ses membres, mais aussi pour le bien de l'Église et de la société civile.
Conscients de toutes ces implications, les évêques ont dénoncé très tôt les méfaits du divorce, de la grève des berceaux, des écoles prétendues neutres et de l'absence d'éducation, ainsi que la crise des vocations qui en découle.
Malheureusement, leur appel n'a pas été suffisamment entendu. Depuis le cri d'alarme de nos évêques, la société a continué de se dégrader.
Deux facteurs ont, à notre avis, contribué largement à l'accélération de la décadence : la révolution de mai 68 et le concile Vatican II.
Mai 68 a été une étape décisive dans l'instauration du nouvel ordre moral. A la racine de cet ordre se trouve une conception individualiste et matérialiste de l'homme, conception erronée car contraire à la réalité, et totalitaire car disposée à s'imposer par la force.
Aujourd'hui, tout opposant à l'idéologie dominante est de plus en plus souvent discrédité ou réduit au silence au nom du droit à la différence, du devoir de tolérance, en un mot du principe de non-discrimination. Le concile Vatican II, qui s'est réuni de 1962 à 1965, a lui aussi contribué indirectement à l'accélération de la décadence. Au cours de ce concile, les hommes d'Église ont profondément changé leur attitude à l'égard de la Révolution.
Jusqu'ici les évêques, se faisant l'écho des papes dans leurs discours et leurs écrits, ne cessaient de dénoncer les erreurs et de mettre leurs fidèles en garde pour éviter la corruption. Certes, cela n'a pas toujours empêché le mal de se répandre, mais au moins il était dénoncé comme tel.
Jusqu'ici les évêques, se faisant l'écho des papes dans leurs discours et leurs écrits, ne cessaient de dénoncer les erreurs et de mettre leurs fidèles en garde pour éviter la corruption. Certes, cela n'a pas toujours empêché le mal de se répandre, mais au moins il était dénoncé comme tel.
Or, au moment où le monde allait engager une bataille acharnée contre les lois les plus fondamentales de la nature humaine, les hommes d'Église, dans leur grande majorité, ont fait alliance avec lui en empruntant la voie du dialogue et en voulant porter sur lui un regard positif. Les artisans du mal ont alors pu étendre leur ravage d'une façon beaucoup plus rapide n'ayant plus en face d'eux cette force de résistance que représentait l'Église catholique.
Pour prendre le seul exemple de la famille, les orientations de la science moderne et l'évolution de la législation ont coopéré amplement à sa destruction.
Elles ont favorisé la dévaluation du père, la dégradation des moeurs, l'éclatement de la famille et ont donné naissance à de « nouveaux modèles familiaux » : donneurs, mères porteuses et bientôt parents unisexes ou unigenders.
Ajoutons que le mythe de l'égalité a conduit à faire tomber certaines barrières naturelles ayant de tout temps séparé les sexes, les générations, les statuts et les rôles.
Voilà comment on en est arrivé à un monde de plus en plus indifférencié, par le brassage des populations, certes, mais aussi par l'atténuation du sens hiérarchique entre parents et enfants, élèves et professeurs, ce qui conduit parfois jusqu'à une inversion des rôles, comme par exemple quand l'enfant apprend à son père comment utiliser les derniers appareils de la nouvelle technologie, ou lorsque la femme travaille à l'extérieur de son foyer tandis que son mari s'occupe des enfants à la maison !
La déstructuration de la famille et de l'autorité parentale ne peut que conduire la société vers l'abîme et annonce, à plus ou moins court terme, la renaissance de la barbarie.
Par conséquent, dans une situation aussi délétère, nous avons, humainement parlant, de graves raisons d'être inquiets pour l'avenir.
Malgré ce sombre tableau nous avons cependant des raisons d'espérer. Notre espoir repose précisément en grande partie sur les familles. Le pape Pie XII voyait déjà le rôle des familles dans la restauration de la cité. C'est une oeuvre formidable que de refaire tout un monde depuis ses fondations ; mais si l'on veut affronter cette entreprise avec des probabilités de succès, il est certain que le premier élément organique qui devra être fortifié sera toujours la famille, constamment appelée la cellule fondamentale de la société. Tout le corps sera ce qu'elle est : et ils démontrent qu'ils l'ont bien compris ceux qui l'assaillent de tout côté.
Grâce à Dieu, il existe aujourd'hui encore des familles saines, équilibrées, profondément catholiques, qui font plaisir à voir.
Quel est leur secret ? C'est là ce qu'il importe de connaître. Voilà pourquoi, sans prétendre en donner toutes les clés, l'ouvrage La Famille catholique livre au lecteur les moyens de fonder un foyer uni, durable et fécond, puis traite de l'éducation des enfants, de la vie de famille, du devenir des enfants une fois qu'ils ont quitté le nid familial, et enfin aborde le rayonnement de la famille dans l'Église et dans la cité.
Dans cette présentation, je me suis appuyé notamment sur les propos des évêques de France de la première moitié du XXe siècle. Ces évêques avaient bénéficié d'une formation scolastique solide, et, en tant que pasteurs, ils avaient une connaissance concrète des difficultés rencontrées par leurs ouailles. Voilà pourquoi ils ne se sont pas contentés de dépeindre les maux de leur époque, ils ont aussi proposé des remèdes qui sont encore valables aujourd'hui.
Ajoutons que si la restauration de la cité catholique passe nécessairement par la famille, elle doit ensuite s'étendre au-delà. Ainsi, les pères de famille catholiques ont le devoir de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour avoir à la tête de leur pays des hommes politiques qui soutiennent les bonnes familles chrétiennes. Une fois leur devoir civique accompli, les familles catholiques peuvent encore résister aux assauts du monde ambiant et reconquérir le terrain perdu en s'associant pour obtenir une protection et une aide efficaces.
Enfin, Mgr Girbeau, embrassant d'un seul regard les maux du temps présent touchant la famille, propose comme remède approprié l'entrée du Sacré-Coeur dans les foyers.
Comment restituer à la famille la stabilité et la force qu'elle a perdues ? En la ramenant au Législateur qui l'avait assise sur des fondements immuables : l'unité, l'indissolubilité, la fécondité ; et au Sanctificateur qui lui avait préparé dans les énergies divines du sacrement de mariage la force nécessaire pour dominer les passions et les contenir dans le devoir, quelle que soit la fatigue des coeurs qui s'usent à aimer et l'impatience de la nature qui demande à varier son plaisir et ses goûts.
Or, ce législateur, ce céleste dispensateur de sainteté, c'est le Sacré-Coeur, celui qui est venu parmi les hommes restaurer ce que leurs péchés avaient détruit, dissiper par le soleil de sa doctrine les ténèbres dont les passions enveloppaient les intelligences, verser par sa grâce aux volontés chancelantes l'héroïsme de la sainteté.
Que chaque foyer catholique devienne un sanctuaire consacré au coeur adorable de Jésus et dont le divin Maître puisse dire avec complaisance : « J'ai sanctifié ce lieu afin que mon nom y soit à jamais béni, et que mes yeux et mon coeur y restent toujours attachés. » (2 Ch 7, 16)
A ces conditions, le règne de Notre- Seigneur serait bien vite affermi dans la société.
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