La journée a passé, le temps s’est écoulé. Heure après heure, le soir est arrivé. Il ne reste plus beaucoup de temps avant le couchant. C’est donc le moment ultime pour penser tout ce qui doit être pensé, pour dire tout ce qui doit être dit…. Il faut boucler sa journée comme on boucle sa valise, prêt à partir pour le grand voyage. Encore un peu de temps et le jour s'en ira .... C'est l'heure bleue. Le mouvement du monde se calme, le soleil se cache. Je partirai avec le couchant.

vendredi 27 janvier 2012

L'amour à 12 ans

Encore un enfant qui se suicide ! Quel horreur ! Comment peut on lire de pareilles choses dans un journal et ne pas se sentir impuissant devant tant de désespérance ?
Oscar, 12 ans, s'est donné la mort mercredi soir vers 21 heures, à la gare d'Aix. Il s'est jeté sous un train. "C'était un garçon gentil et souriant, parfois un peu triste comme tous les ados", confient quelques personnes qui l'ont côtoyé.
"Par dépit amoureux", selon les enquêteurs, il a mis fin à ses jours. Un séisme effroyable pour sa famille, qui s'était installée dans la ville en 2010. "Compte tenu des documents informatiques retrouvés, l'hypothèse du suicide est retenue même si l'enquête se poursuit".

Le drame a soulevé beaucoup d'émotion. En respectant l'intimité et la douleur des familles, nous avons demandé à un psychiatre (qui a récemment écrit Quand un enfant se donne la mort (éditions Odile Jacob), Boris Cyrulnik.
La Provence : Pourquoi un enfant en arrive-t-il à se donner la mort ?
Boris Cyrulnik : Avant tout, je parlerais d'épisode de 'crise suicidaire', concernant la population des moins de 13 ans. Dans ces cas, on se trouve en présence d'un enfant qui ne sait pas comment maîtriser une émotion intense. Il existe bien sûr des facteurs de vulnérabilité, comme les carences affectives ou la solitude lors du passage à l'acte. Mais ce n'est pas automatique. L'enfant peut ressentir un profond chagrin comme un dépit amoureux par exemple, et son passage à l'acte répond avant tout à un besoin de tuer le chagrin, plutôt qu'un besoin de se tuer soi-même.
Un enfant de 12 ans réalise-t-il concrètement ce que sont le suicide et la mort ?
B.C. : Oui, à l'âge de 12 ans, les enfants ont intégré la notion d'irréversibilité. Cette prise de conscience se forge vers 8-9 ans. Mais désespéré et impulsif, un enfant peut passer à l'acte. Les parents sont alors stupéfaits, car il n'y a pas forcément de signe avant-coureur. Il y a une émotion intense, que l'ado ne maîtrise pas, même si la famille est solide et épanouie.
Faut-il justement en parler avec eux ?
B.C. : Si on ne parle pas du suicide des enfants, c'est honteux. Si on en parle trop, c'est dangereux car cela crée une contagion émotionnelle, donc il faut être très prudent.
Mais certains adolescents sont-ils plus fragiles ? Existe-t-il des prédispositions ?
B.C. : Les études démontrent que ce qui est transmissible, ce n'est pas le suicide, c'est l'émotivité. Pour autant, l'émotivité n'est pas une maladie. On peut alors stopper la transmission en expliquant le suicide.
l'âge des copains et des copines
Et le rôle d'internet dans tout ça ?
B.C. : Je suis ahuri par deux choses opposées. D'une part, internet fait de la prévention, via des sites pour écrire et se confier. J'ai vu aussi des choses effarantes comme des recettes pour se suicider. Une maman, en entrant dans la chambre de sa fille qui s'était pendue, a vu que l'écran de son ordinateur affichait "comment faire un noeud coulant". Il faut être très prudent, encore une fois.
Les parents confrontés au chagrin d'amour de leur ado doivent-ils le prendre au sérieux ?
B.C. : Absolument. Un chagrin d'amour est douloureux mais très structurant. Il faut admettre avec l'adolescent qu'il souffre, mais qu'il y a d'autres solutions que celle qu'il envisage. 


Mais n'est ce pas aussi cette complaisance, cet amusement, que l'on a aujourd'hui de projeter très tôt un enfant dans la vie amoureuse qui peut devenir risque ? Quel parent ne sait pas attendri en parlant à des amis de la "petite fiancée" de son fils ou du "petit copain" de sa fille à peine agés de 6 ans ! Je l'ai bien souvent entendu.
Or, il faudrait remettre l'enfant à sa place d'enfant et cesser de lui faire croire qu'il peut agir comme un adulte. Il est trop jeune pour supporter une situation de stress, de rupture (!) et surtout la surmonter, d'autant qu'il voit autour de lui, parfois chez des proches, les ravages que font les divorces chez les adultes. Mais dans notre pays l'enfance n'est guère épargnée....

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